Sorti en France chez Wild Side sous le nom Mermaid, Le Lac des âmes Perdues, il est assez rare de voir des films Russes débarquer chez nous pour passer à côté. Il faut dire que comme partout, il y a à boire et à manger en Russie. De l’actionner bourrin pas terrible (22 Minutes), de la copie US (Guardians), des métrages ambitieux visant l’internationnal (Nightwatch, Nightwatchmen), mais également des métrages horrifiques s’encrant dans leur culture (l’excellent III, disponible sur Netflix). Néanmoins, l’âge d’or du cinéma Russe semble bien dans le passé. Devons nous reparler ici de l’œuvre de Tarkovsky, ou encore du culte Viy, qui a eu droit à une nouvelle version en 2014 en coproduction avec l’Ukraine et la République Tchèque ? (et dont une suite est annoncée avec un casting assez étonnant pour une telle production). Mais ici, nous devons parler du film Mermaid, de Svyatoslav Podgaevskiy. Un film aux moyennes plutôt basses sur internet, et qui s’est souvent fait défoncer par une partie du public, parfois pour des raisons justifiées, et parfois absolument pas. Mermaid, contrairement à ce que son titre laisse penser, ne va pas nous parler d’une sirène. Pour ça, il y a le film Serbe Nymph, mais vu la catastrophe, non, oublions le. Car Mermaid ne parle pas vraiment d’une sirène, mais plutôt d’une créature issue du folklore Russe, qui ressemble beaucoup plus à une nymphe, ou à une succube, se déplaçant dans l’eau. On nous explique le principe de la légende dès le début du film, avec cette succube donc qui séduit les hommes, et leur demande si ils l’aime. Si la réponse est oui, la jolie demoiselle emmène l’homme dans l’eau pour le tuer. Le cas contraire, si l’homme résiste, la succube viendra prendre ce qui compte pour lui, pour se venger. Et d’emblée, on se rend compte que Mermaid possède pas mal de points communs avec le précédent film du réalisateur que j’aurais vu dans la foulée, The Bride.
À savoir, grosse modo, une intro assez longue présentant la légende et mettant clairement en confiance, une mise en scène fluide et très agréable, un joli montage, une photographie à tomber par terre, peu de personnages, peu de lieux, une actrice principale (encore jouée par Viktoriya Agalakova) qui se donne à fond, des influences venant d’Amérique ou d’Asie, des jumpscares, et un final décevant. Oui, comme The Bride. Seulement comme si le réalisateur avait quelque peu apprit de ses erreurs, il limite ici la casse lors du final, heureusement. Bref, passé l’introduction magnifiquement filmée et photographiée malgré le budget plus que limité du film (un peu plus d’un million d’après des sources peu sûres), l’intrigue reprend des années plus tard pour nous présenter nos deux personnages principaux qui sont sur le point de se marier, Roma et Marina. Et forcément, Roma va partir avec ses amis pour enterrer sa vie de garçon, et faire la rencontre du monstre du métrage. On se rend immédiatement compte que malgré la légende Russe, le réalisateur fait le choix d’une esthétique léchée, d’une composition du cadre et une utilisation des jumpscares très Américaine, et qu’il filme son monstre comme un fantôme issue du folklore Japonais. Et pourtant, ça fonctionne, le film s’avère plutôt efficace, et les quelques tentatives de jumpscares, bien que parfois un peu trop nombreuses, fonctionnent pour la plupart. Sans révolutionner le genre, Svyatoslav Podgaevskiy a un réel savoir faire visuel et sait mettre son ambiance en avant malgré des lieux parfois minuscules et peu nombreux, des personnages qui ne dépassent rarement les 5 ou 6 acteurs, et une économie de moyens 90% du temps.
Clairement, c’est du très bon boulot, et même musicalement, le film tient la route. Les deux principaux reproches que j’aurais lu un peu partout sur le film concerne son côté effrayant, avec des jumpscares donc, et un final un peu trop démonstratif, et la qualité des acteurs. Pour le premier point, je dois bien avouer que ce n’est pas toujours parfait, et que dans ces derniers instants, le film tente encore une fois d’en faire trop, et montre beaucoup plus souvent sa créature, rendant d’ailleurs sa « défaite » un peu trop simpliste et tirée par les cheveux. Mais comparé à The Bride, le réalisateur limite la casse, les faux pas sont moins nombreux, et surtout s’étirent moins sur la durée. Par contre, en ce qui concerne les acteurs, je les ai trouvé très bons pour la plupart, et très investis, en particulier encore une fois Viktoriya Agalakova, qui se donne même encore plus à fond que dans the Bride. Sur ce point donc, j’ai envie de dire que le Russe (tout comme pas mal de langues de ces pays d’Europe de l’Est), c’est comme les langues Asiatiques, totalement différentes jusqu’à leur construction des langues latines. Ce qui donne le plus souvent des doublages calamiteux où l’on a l’impression de voir des gros débiles à l’écran. Vous trouvez les acteurs mauvais ? Arrêtez de vous infligez des doublages tout pourri, voilà, c’est tout. Certes le personnage de Roma n’est pas le meilleur au monde, et d’ailleurs, tous les efforts du scénario semblent aller vers le personnage de Marina, mais rien de catastrophique pour autant. Mermaid est un film de série B solide, très joliment filmé, et qui tient en haleine sur sa courte durée qui ne dépasse même pas 1h30.