La question fondamentale qui ,semble-il, se posait ce soir là était : quel film allons nous voir au cinéma ? En l’occurence, Mes Frères et Moi attirait le regard par sa formule d’avant première, « en présence du réalisateur ». C’est ainsi que les yeux fermés, sans lire le synopsis, sans voir la bande d’annonce, nous nous sommes dirigé vers la salle où deux heures plus tard nous allions ressortir émerveillé.
Pour son premier long métrage, Yohan Manca présente une fratrie de quatre garçons ayant chacun des caractères bien distingués. L’ainé, pétri de certitudes, développant une fragile sensibilité et beaucoup d’amour, se détache de Mo, le second frère, qui est sur une énergie bien différente, axé sur l’humour et la poésie. Hédi, le troisième frère, est, quant à lui, un personnage sauvage,avec des humeurs ingérables, alors que son petit frère, Nour (le héros du film) est un simple observateur des différentes actions se déroulant autour de lui, mais aussi, une nature à lui seul quand il s’agit de chanter.
Mes Frères et Moi se distingue d’abord par la description des quartiers populaires. Alors que les chaînes d’informations en continu traitent ces quartiers comme des zones de guerres, dangereuses et peuplés de voyous, ici, le parti pris est de montrer ce qu’il y a de beau et de romanesque dans ces territoires là. Pour cela, Yohan Manca opte pour une caméra sur pied, avec un point de vue doux et affirmé, et la magnifique lumière du sud de la France rendant le film plus poétique. Et ça fait un bien fou à regarder tout en changeant des points de vues habituels.
De plus, le film concentre le spectateur sur un sujet éternel, à savoir l’art dans les quartiers populaires et en l’occurence, comment l’art nous « sauve » du quartier ? En vivant là-bas, les préoccupations principales ne sont pas axé sur ce domaine et Mes Frères et Moi le montre bien quand le frère ainé fait passer la nécessité de travailler pour ramener des revenus à la maison avant la passion de l’opéra de Nour. Est-ce possible d’embrasser une carrière artistique dans un quartier populaire alors que son atavisme le destine à toute autre chose ? L’opéra est-il exogène à la vie des quartiers ? Yohan Manca s’efforce alors de montrer que rien mais absolument rien n’est exogène à la vie des quartiers. Que vivre dans ces derniers ne doit pas repousser les connaissances d’un art.
Enfin, Mes Frères et Moi allie constamment les scènes dramatiques, d’une tristesse profonde, à une touche d’humour parfaitement bien menée qui ne décrédibilise pas le propos du film. Chaque situation est dédramatisée et savoir provoquer l’hilarité dans de telles situations, c’est très fort.
Je vois vraiment ce film comme un hymne à la vie, qui progressivement avance vers le bonheur, vers la joie, vers le rire, comme la vie de tout honnête homme devrait être.
Bref, si vous n’avez pas vu ce film, je ne peux que vous conseiller d’aller le voir et de profiter.
(10/10)