Nour a 14 ans. Dans son quartier populaire au bord de la mer, son été rythmé par les mésaventures de ses grands frères, la maladie de sa mère et des travaux d'intérêt général. Il fait la rencontre d'une chanteuse lyrique qui anime un cours d’été. Une rencontre qui va lui ouvrir de nouveaux horizons...
Et merde... "encore un film français social dramatico-dramatique qui parle des minorités." On entend déjà les mouettes au loin nous percer les tympans avec leurs discours qui se répètent inlassablement sans jamais avoir posé leur yeux plus d'une minute sur son histoire. Mais voyons le film de Yohan Manca d'un peu plus près avant de placer Mes frères et moi dans un genre cinématographique qui se complait souvent dans ses malheurs.
Il y a une vraie légèreté qui se dégage de cette histoire à la teneur dramatique. Ses personnages sont en perpétuel défi de leur propre misère. Ce combat ils le prennent avec humour. Une simplicité transgressive, une forme d'acceptation d'une situation de survie dans un environnement hostile. Ces jeunes frères trouvent toujours le moyen d'agir. Quel que soit la manière, il y a toujours un mouvement qui donne le la, ne laissant ainsi jamais le récit sombrer dans une léthargie à s'en tordre le cou.
Le drame c'est l'acceptation de la situation de survie et la protection du petit frère qui a des idées artistiques bien éloignées des problématiques illustrées par les trois grands frères. Et pourtant, c'est un autre point que Yohan Manca désir aborder. L'art, en l'occurence la musique, comme échappatoire, comme moyen de combattre la misère sociale.
Mes frères et moi est une proposition qui est aussi proche qu'éloignée du cinéma sociale. Elle en reprend les points essentiels et les transformes en une mélodie harmonieuse. Judith Chemla en professeure de chant, le jeune Maël Rouin Berrandou et Dali Benssalah, Sofian Khamess, Moncef Farfar (ses frères protecteurs), brillent par une interprétation parsemée de petites imperfections qui donnent à l'histoire une émouvante authenticité.
La pureté du propos qui ne surligne jamais ses thématiques, elles s'animent simplement au gré des situations et des confrontations. La violence, le deuil, le narcissisme et la musique. S'évader d'une prison à monde ouvert. On comprends avec les images, les regards, la hargne des quatre frères. Le geste aussi, élément porteur des émotions. Parler sans un mot. Émouvoir sans parole.
Yohan Manca raconte un cinéma social qui prend l'air, un cinéma plus libre qui parle avec autre chose que des mots, évitant bien des écueils du genre. Mes frères et moi est un drame social qui se veut avant tout optimiste.