La nullité confondante de Mes Héros tient, pour l’essentiel, à ses prétentions moralistes : ou comment se saisir de la vulgarité du peuple, ici représenté par des gens qui ne cessent de se disputer et vivant de peu, comme d’un tremplin vers l’authenticité et l’engagement, en témoigne le titre qui définit d’entrée de jeu ses personnages comme héroïques. Le pire étant ce syndrome, commun à tant de productions françaises contemporaines, consistant à faire l’éloge de la simplicité à grands renforts de valeurs bourgeoises, qu’il s’agisse des œuvres d’art placées partout dans une magnifique maison de campagne, du vin que l’on déguste dans des verres en cristal ou des crises conjugales révélant les malheurs domestiques des riches. L’imagerie saltimbanque, qui transforme Gérard Jugnot en gitan fragile, Pierre Richard en trublion hédoniste et Josiane Balasko en ours grincheux, achève de susciter un profond et tenace sentiment de malaise devant un tel écart entre le propos humaniste et le repli sur soi figuré par son traitement.