Jacob décolle de son Afrique du Sud natal, à la recherche de sa sœur disparue. Une histoire simple de vengeance, de culpabilité et de rédemption. On ne sait rien de lui, il a peu d’argent en poche et dispose de seulement 7 jours pour la retrouver.
Message from the king est le premier film tourné aux Etats-unis pour le réalisteur belge Fabrice du Welz. Sur un scénario de Stephen Cornwell, (fils de John Le carré), ce sera Chadwick Boseman, (Captain America : Civil War) qui choisit le cinéaste et celui-ci choisit Los Angeles, ville cosmopolite pour un thriller urbain réaliste où la ville n’est guère engageante, mafia locale, pauvreté des bas-fonds, prostitution et drogue, côtoient la richesse et la perversité des quartiers résidentiels.
Une introduction des plus sobre qui donne le ton à venir. Le cinéaste joue des couleurs plutôt ternes et jaunâtres, nous renvoie à la solitude par nombre de scène de nuit ou pluvieuses, choisit de suivre son héros et le filme à hauteur d’homme, pour un aspect documentaire et réaliste réussi. Croisant certaines actions en même temps, l’ambiance surfe sur une certaine intemporalité et arrive à être oppressante, entre désespoir et vigilante movie, dialogues intimistes, flahsbacks heureux des jours anciens, et scènes de bagarre, nous ramenant à la réalité sombre et pessimiste.
Malgré une lenteur générale qu’il accompagne de fulgurances de violence, pas d’excès à ce niveau et pas d’overdose de batailles rangées. Il nous offre un polar globalement nerveux se concentrant sur Jacob. Mystérieux et impassible il nous réserve une palette d’émotion. Elément perturbateur dans un environnement sale, où son statut d’étranger arrivera pourtant à lui permettre de rebondir et de se fondre dans ce milieu d’argent et de corruption rappelant à la propre situation d’une Afrique du sud pauvre et gangrenée par les gangs. Il ira jusqu’au bout pour sauver ce qui peut encore l’être.
Message from the king est le troisième film de Fabrice du Welz que je regarde. Les précédents m’avaient laissée parfois perplexe malgré une originalité marquante. Vinyan avec Emmanuelle Bérard, possédait déjà une ambiance particulière, tourné en Thaïlande où l’on s’immergeait totalement dans une sorte de voyage surnaturel inquiétant, et Calvaire avec Laurent Lucas, premier film du réalisateur, horrifique et fantastique, plus dérangeant à la limite du malsain.
Film donc plus accessible, mais tout n’est pas forcément réussi, notamment dans le cheminement de Jacob, le scénario y intégrant des actions parfois trop faciles pour aider notre héros ou nous le faire découvrir. Sa recherche des responsables, le classicisme de l’intrigue, le justicier solitaire qui arrive dans une ville inconnue et qui montrera ses multiples capacités et se relèvera rapidement...(mais aura sa réponse dans un twist final surprenant), et quelques faiblesses de clichés aussi pour les personnages de Luke Evans, Alfred Molina et Teresa Palmer qui viennent compléter le casting. Mais il répond aux codes du genre, le renouvelle et ne démérite pas d’autant qu’il s’agit d’une commande avec les contraintes connues de production.. La signature du metteur en scène est moindre mais l’originalité est encore là, pour un hommage aux films noirs des années 70, un clin d'œil à la blaxploitation, et une performance impeccable de C. Boseman.