J'ai rarement été aussi bouleversé par un film, et la tendresse de son regard. Par le billet du rapport de l'enfant au langage, Guy Sherwin réussit à faire de l'apprentissage de la langue, la découverte des images du monde. Comme si nommer, c'était d'abord apprendre à voir, à délimiter les formes, à poser un cadre, pour en extirper une image. Si bien qu'on se met à douter de ce qui est premier entre le mot et la chose qu'il désigne. C'est un vertige qu'explore souvent la poésie, mais qui prend ici une autre dimension avec l'acte de filmer. La réciprocité de l'image et du langage. L'apprentissage du monde par la langue. L'enfance oubliée. Un film sans un son pour mieux nous répercuter la déchirure qu'est le verbe dans le silence, et comment il nous a rendu le monde si merveilleusement habitable.