Une jeune femme part à la recherche de son père, artiste retiré dans une petite ville côtière et dont la correspondance de plus en plus enfiévrée laisse comprendre qu'il se passe de drôles de trucs dans le coin. Et effectivement, l'ambiance sur place est des plus étranges, entre folklore de lune rouge, hostilité lancinante de la populace et atelier à l'architecture démente (y'a un lit king size suspendu). Messiah of Evil est un pur produit des 70's, flottant dans un éther intello-psychomystique qui requiert de passer outre quelques imperfections et de se laisser porter par son atmosphère lovecraftienne. Et le jeu en vaut la chandelle tant le film propose de belles choses : l'exploitation des environnements naturels comme urbains est vraiment chouette, parvenant à infuser une angoisse diffuse qui trouve son apothéose dans la décoration guedin de l'atelier.
Deux scènes retiennent particulièrement l'attention : l'attaque dans la supérette qui joue parfaitement de l'incongruité de la solitude dans des espaces habituellement surpeuplés, et la séance de cinéma particulièrement oppressante. Les acteurs sont bien dans le ton (super Michael Greer en investigateur dilettante trompant son ennui par la chasse au mythe) et rendent acceptable des comportements très tolérants envers le surnaturel. Dommage que la fin soit un peu rushée, ce qui s'explique par les conditions de tournage du film.
Les bonus du BR du Chat reviennent ainsi sur les spécificités du gothique américain, sur le caractère culte de Messiah of Evil, sa place dans le cinéma d'horreur et sa gestation difficile, le budget s'étant rapidement montré insuffisant, contraignant Willard Huyck et Gloria Kat à abandonner leurs rushs pour retourner écrire les scripts de Georges Lucas. C'est deux ans plus tard qu'un distributeur se lancera dans sa finalisation avec quelques reshoots et une voix off qui auront au moins eu le mérite de lui permettre une carrière underground.