Un film qui raconte une histoire (prétendue) vraie qui prend aux tripes, magistralement interprété par Kevin Bacon, en dépeignant la cruauté indicible de certaines incarcérations dans les années 1930 (et qui hélas renvoie aussi à des incarcérations indignes bien plus récentes celles-là mais ce n’est pas le sujet).
J'ai adoré cette réalisation. Je lui aurais je crois, même, attribué plus d'étoiles que ”seulement” 7 si le réalisateur n'avait pas "vendu" son film comme un biopic de Henri Young, donnant même à son personnage le nom et prénom de ce dernier, lequel a vraiment existé.
J'aurais même attribué 9 étoiles pour l'ensemble si je n'avais pas pris la peine de prendre connaissance de la biographie du véritable Henri Young.
Je ne veux pas jouer les "chevaliers blancs" ou les légalistes à tout cran (d'autant qu'il est certain qu'Henri Young n'a pas connu des années paradisiaques en prison) mais tout ce qui le concerne est faux et du début à la fin du film !
Que le réalisateur ait voulu ”romancer” (à outrance) la vie d’Henry Young, c’est bien entendu son plus juste droit, mais en aucun cas il n’aurait dû parler de ”biopic”.
Dans le film, l'orientation du ton manichéen est donné dès le début : H. Young est fait prisonnier à 17 ans et il est condamné à 11 ans de prison (rien que ça...) pour avoir volé 5 malheureux dollars pour nourrir sa petite soeur ! C’est sûr que ça révolte autant que ça semble inconcevable. Les plus sensibles, d'emblée, y seront même allés de leur larmette.. et ce n'est que le début !!.
Or, H. Young était un braqueur de banque qui a violenté et tué un otage. Il a été emprisonné en 1936 dans plusieurs prisons de l’état de Washington et à la prison fédérale sur l’île d’Alcatraz d’où il a tenté de s’échapper en 1939 avec deux autres détenus (Rufus McCain & Arthur Barker). Barker sera tué au pied de l’île. Young & McCain retournent bien sûr en prison. Un an après, H. Young assassine McCain avec une cuillère de la cantine de la prison. Personne ne comprendra pourquoi et H. Young ne l’avouera jamais.
H Young n'a jamais été détenu dans un "cachot". En fait, il a eu comme ”punition” (suite à sa tentative d'évasion) d’être détenu dans l'unité disciplinaire de ségrégation. Il s’agissait d’une cellule ”normale” avec l’ameublement (certes plus que sommaire) mais comme dans tout autre cellule. Les sévices auxquels il a droit dans le film ne sont que des inventions.
H. Young ne s’est pas suicidé non plus. Il a obtenu sa liberté conditionnelle en 1972 et personne n'a pu savoir ce qu'il était devenu.
Certains vont rétorquer ”il n’y a pas "de quoi en faire tout un pataquès", c’est un film, pas un documentaire, et il est superbement émouvant”.
Je conviens qu’ils ont raison. C’est bien pour ça , d’ailleurs, que je lui ai moi-même attribué 7 étoiles, ce qui est loin d’être une notation médiocre.
Toutefois, cette réalisation, romancée au point que H. Young puisse être considéré comme un martyr, par beaucoup de spectateurs qui ne se sont limités qu'au film pour connaître son existence, ça m'a gênée quelque part.