désabusé et mélancolique

On connaît surtout de l'oeuvre de Pietro Germi la comédie férocement macabre "Divorce à l'italienne", tourné un an plus tôt avec un Marcello Mastroianni redoutable de veulerie. On retrouve dans "Meurtre à l'italienne" cette tonalité avec laquelle Germi met à distance les pires travers de l'âme humaine mais en nettement moins drôle. Ne nous y trompons pas (il faut dire que le titre français ne nous aide pas), "Meurtre à l'italienne" est avant tout un policier dont l'intrigue est assez complexe, doublé d'une peinture socialo-moraliste des Italiens, qu'ils soient issus de la bourgeoisie ou des "petites gens". On y croise ainsi beaucoup de personnes qui ne sont pas ce à quoi ils voudraient ressembler: un jeune homme sur le point de se marier (avec la superbe Claudia Cardinale, en plus) qui fait occasionnellement le gigolo, un autre en apparence rangé qui trompe sa femme avec une mineure et dont on apprend que c'est un ancien fasciste, sans parler du docteur pas franchement sorti de l'école de médecine. L'intrigue avance laborieusement mais c'est volontaire, le temps nous est ainsi donné d'accompagner l'équipe de flics dans son enquête, naviguant aussi bien à Rome, dans ses faubourgs que sur la côte. On retrouve ainsi, à travers ces séquences itinérantes la patte néoréaliste de Germi, qu'il délaissera de plus en plus dans ses films suivants, pour se tourner vers des comédies satiriques de moeurs décapantes. "Meurtre à l'italienne" apparaît de la sorte comme une très intéressante oeuvre hybride tant sur sur son genre (moralo-polar en gros) que sur son ton, burlesque parfois, désabusé surtout.