Le film comporte ses défauts mais je dois dire que j'ai apprécié malgré tout.
C'est le scénario qui pose le plus problème : c'est foutraque, l'auteur y insérant des tas d'idées sans les structurer, on dirait presque de l'écriture automatique (à très petite échelle) ; le changement de point de vue, par exemple, n'est pas très intéressant en soi, tout comme certaines obsessions que l'on retrouvera tout au long de la carrière de Brian ne trouvent pas toujours ici une exploitation efficace. Le changement de ton est aprticulier aussi, en fonction du point de vue adopté, ce qui fait penser, en fait, à un film à sketches. Mais dans tout ce chaos on trouve facilement de bonnes idées narratives, comme les scènes de filature, ce quiproquos humoristique, la manière de procéder du tueur avec ses pulsions...
Il faut aussi dire que le scénario semble avoir été écrit pour faire de la mise en scène. Ou bien c'est Brian qui a décidé de se réapproprier chaque idée narrative pour en faire quelque chose de spectaculaire. Et ça fonctionne. C'est là que maladresse et virtuosité se rencontrent : le film paraît décomplexé, spontané, généreux ; la photographie est souvent très jolie, certaines séquences sont savoureuses (à nouveau la filature, surtout une fois arrivé dans le cimetière est géniale), influencées par Hitchcock mais pas trop non plus comparé à d'autres films que le bougre réalisera plus tard. De Palma parvient à s'approprier chaque ton narratif, à partir dans le burlesque sans que ça soit lourd, à dépeindre les pensées d'un fou, à partir dans le thriller, puis basculer dans l'horreur... et à chaque fois en conservant son esthétique léchée. Le travail du son est également appréciable, autant exploité que l'image (d'ailleurs la combinaison des deux donne lieu à quelques belles tensions). Les acteurs sont bons aussi, dans un registre de la surenchère tout comme dans quelques scènes plus délicates où l'on exigeait une certaine retenue.
Non vraiment, ce film, c'est le gros bordel, mais c'est vraiment chouette à découvrir ; on sent que De Palma a pris au pied de la lettre le mot expérimental pour lui s'amuser et... expérimenter !