Tomu Uchida nous offre avec ce Meurtre à Yoshiwara une mise en scène élégante, faisant de ce film un régal visuel. L'intrigue est plus ou moins celle de La rue rouge de Fritz Lang, qui serait lui-même le remake de La chienne, de Renoir, que je n'ai pas encore vu. A savoir un homme en mal d'amour, ici à cause d'une tâche lui couvrant une partie du visage, qu'une femme supposément aimante n'aura aucun mal à attirer dans ses rets. On pourrait trouver cet homme exagérément naïf, mais rappelons qu'aujourd'hui encore, des arnaques sur internet fonctionnent exactement à l'identique.

L'intrigue se présente donc comme une descente aux enfers, celle de ce patron d'usine textile, aimé de ses employés et respecté de ses pairs, qui va peu à peu tout perdre pour une geisha de Yoshiwara. Tomu Uchida y réunit deux veines de son cinéma, le cinéma social (rappelons l'exceptionnel Détroit de la faim) et le film de sabre.

Le film de sabre est rappelé dès le début par cet enfant abandonné avec une lettre et un sabre cependant, à part une scène avec un souteneur, il donnera surtout lieu à un final épique et déchirant rappelant à quel point Tomu Uchida maîtrise le genre. C'est dans ses séquences que le film dépasse son aspect théâtral, assumé par ailleurs jusque dans les placements de la caméra, permettant de prévoir les entrées dans le champ comme si on était sur scène.

Le cinéma social à travers le portrait de cette prostituée, devenue geisha mais moquée par ses consœurs, à cause du fait qu'elle serait une ancienne taularde et qu'elle ne connaît rien au métier. Comme dans Yokiroh, le royaume des geishas, l'univers chatoyant et glamour ne cache pas l'abîme de noirceur. On comprend dès lors ses motivations, faisant dépasser à ce personnage la simple vénalité, ce qui concourt à donner à la fin, qui définitivement magnifie le film, son côté déchirant. Elle est simplement une fille dans une situation minable, prête à tout pour en sortir. Mais, comme dans tout film noir, personne n'obtiendra réellement ce qu'il veut.

BigDino
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le 2 févr. 2025

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