L'enfer magyar

Terrible. C'est le mot qui résume le mieux ces Meurtres d'enfants. On y suit le parcours d'un pauvre gosse de treize ans, solitaire, moqué par ses camarades, qui doit en plus s'occuper de sa grand-mère malade à en crever. Evidemment, dit comme ça, le film a tous les oripeaux du naturalisme larmoyant. Mais dans les faits, ce n'est pas le cas. D'abord parce que la mise en scène de Szabo n'abuse pas d'effets lacrymaux justement, la musique du film, utilisée de manière rigoureuse et ponctuelle, ne donne pas dans le déluge de violons, la mise en scène va à l'épure.

Et puis, il n'y a aucune complaisance de la part de la cinéaste à l'égard des souffrances de ses personnages. Rien qui fait basculer le film dans le mauvais mélo en somme.

En revanche, le film est vraiment glauque, terrifiant, très réaliste dans la violence qu'il montre, sans détours, sans concessions. Pourtant, et c'est là tout le tour du force, ce n'est jamais ridicule, ou bêtement cynique, il y a toujours cette affection profonde de Szabo pour ses personnages. Déjà parce qu'elle les suit dans leurs déplacements, elle leur permet même des instants de bonheur. Le rythme du film est d'ailleurs assez lent, parfois contemplatif. Et l'épure suffit à préserver du misérabilisme style Lilya-4-ever et ses passages clipeux franchement complaisants.

Et surtout, il y a toujours cette idée que personne n'est tout blanc ni tout noir, chaque personnage (et il y en a très peu) a ses failles. Sans vous spoiler, le môme que l'on suit a ainsi une dualité pour le moins inattendue ...

En bref, violent oui. Dur, oui. Mais toujours dans la tendresse, jamais dans le cynisme et la misanthropie.