C'est l'histoire d'un braquage sanglant qui a lieu dans une partie de Harlem contrôlée par la mafia ; un scénario assez basique mais qui permet une peinture sociale intéressante.
A la fin des années 60, le succès de Bullitt engendre une catégorie de films qu'on peut nommer policiers urbains violents des 70's. Dans ces films, l'image du flic est souvent double, à la fois sécurisante et inquiétante ; ces 2 aspects vont se retrouver chez le même personnage, notamment ceux de Harry Callahan (incarné par Eastwood) dans Dirty Harry et celui de "Popeye" Doyle (incarné par Gene Hackman) dans French Connection. Issus de Bullitt, ils durcissent les positions en attirant la sympathie du spectateur, mais en violant la loi pour mieux la faire respecter, et en luttant à la fois contre les gangsters et contre leur propre hiérarchie.
Meurtres dans la 110ème rue propose exactement le même genre de thématique, jouant sur les plate-bandes de Dirty Harry, et en assimilant en plus le côté Blaxploitation qui était à la mode en ce début d'années 70, par son décor de Harlem et sa description de sa communauté noire face aux Blancs (flics et mafia). Peinture très réaliste et terrifiante de New York et du ghetto de Harlem, l'image nocturne est trop sombre et c'est parfois filmé un peu n'importe comment, mais Anthony Quinn y incarne un flic proche de la retraite, habitué des pots-de-vin et raciste ; c'est un de ses rares rôles antipathiques qui permet au réalisateur d'aborder la question raciale de façon vigoureuse. Face à Quinn, un flic noir rehausse l'image de la police par sa dignité, rôle parfaitement interprété par Yaphet Kotto.
Tendu, brutal, et extrêmement violent, ce polar est tout à fait représentatif de son époque de réalisation, et s'inscrit dans une vague de films au ton similaire comme le Cercle noir, Police puissance 7, Flics et voyous ou Liquidez l'inspecteur Mitchell... même John Wayne emploie des méthodes peu catholiques dans Un silencieux au bout du canon.
Un polar très méconnu, à voir.