Les fesses posées entre la chaise du polar américain urbain et celle du film de Blaxploitation, Meurtres dans la 110e rue a davantage pris les défauts de l’un que les qualités de l’autre. Si le sujet est plutôt intéressant (la course-contre-la-montre menée, d’un côté, par la police et, de l’autre, par la mafia de Harlem et la mafia italienne pour retrouver un trio de malfrats qui a réussi à mettre tout le monde en colère), l’ensemble souffre de trop de maladresses pour emporter véritablement l’adhésion.
C’est sec et violent mais cela manque, malgré tout, de tension. Par ailleurs, de nombreuses scènes ou de situations sont trop caricaturales voire ridicules et empêchent le film d’être vraiment réalistes, ce qu’il se prétend être avec son style quasi-documentaire et ses décors sordides. Là où le bât blesse le plus, c’est certainement dans sa réalisation qui manque d’unité. D’un côté, on multiplie les scènes caméra à l’épaule et, de l’autre, chaque scène d’action est mise en accéléré comme dans une comédie burlesque. Quand on ajoute à cela, les quasi-systématiques faux raccords, l’ensemble prend du plomb dans l’aile.
C’est dommage car l’histoire est intéressante, les acteurs sont à la hauteur, l’ambiance est poisseuse mais on a souvent l’impression d’être face à un film fauché qui essaye de faire du grand polar. D’un point de vue sociologique, c’est très intéressant mais on regrette franchement que le film ne soit pas mieux maîtrisé et équilibré tant dans sa dimension psychologique que dans des scènes d’action plus haletantes.