Pour faire court, on pourrait évoquer un mélange de Tiger Stripes et du Règne animal, pour évoquer le premier long-métrage de la Colombienne Camila Beltràn, jusqu'alors connue pour ses vidéos expérimentales. Son sujet mis à nu, qui parle de l'adolescence et du regard lascif des hommes vis-à-vis d'une femme en devenir, a bien entendu des airs de déjà-vu mais les partis-pris visuels et sonores du film, déconcertants et audacieux mais fascinants, méritent de le considérer comme un objet artistique non dénué de valeur. Son atmosphère fantastique, à la limite de l'horreur, alors que s'annonce une éclipse de lune rouge qui affole la population, rejoint d'une certaine manière tout un pan d'une nouvelle littérature féminine latino-américaine, qui n'a pas peur de choquer et qui s'en prend souvent, de façon désinhibée, au patriarcat et à la religion, à l'instar de Mariana Enriquez, la plus talentueuse de ces romancières, Mi Bestia n'a cependant pas la puissance de ses écrits, ne serait-ce que par la brièveté du film qui frustre quelque peu car la forme a finalement trop pris de place par rapport au fond. Les personnages, hormis le rôle principal, joué par l'excellente Stella Martinez, auraient certainement mérité une plus large exposition de leur psychologie.