Même si j'ai aimé le film, il est quelque part choquant de voir le dernier opus de Alex de la Iglesia sortir uniquement en catimini, sans aucune diffusion salles, et relégué à de la VOD, Netflix en l'occurrence.
Tout comme Un jour de chance, il traite par la satyre de la folie des gens dès que les médias s'en mêlent.


Ici, durant dix jours, en plein mois d'Août, des figurants sont enfermés dans un énorme hangar pour un enregistrement pour une émission du Nouvel An 2016, et restent assis à répéter sans arrêt les mêmes gestes, à faire semblant de manger de la nourriture factice, le tout sous les vociférations du régisseur, qui demande à tout le monde d'applaudir, puis rire l'instant d'après, sur du vent.
Si le spectacle se fait dans le public, avec une galerie de personnages allumés, c'est guère mieux en coulisses, où l'on retrouve un jeune chanteur abruti coaché par son manager nain, et qui ne voit pas que son poulain est en train de se faire sucer sous la table, et d'un chanteur, sorte de Tom Jones espagnol, qui tient à garder la vedette pour cette émission, avec ses exigences de star et qui aime ridiculiser son entourage. Et il y en a encore, avec aussi un sosie local de Robert Downey Jr...


Tout cela donne un film complètement fou, où l'on rit souvent, aux dépens des personnages qui sont tous plus ou moins stupides, comme si de la Iglesia voulait montrer que dans l'univers télévisuel, personne n'est ordinaire.
D'ailleurs, on pense parfois à The party de Blake Edwards dans cette façon de faire la fête comme un vrai bazar, avec de la mousse de partout sur le plateau. Le film parle aussi de son époque concernant la société avec un parallèle étonnant avec les gens qui font la fête dans un milieu clos, et dehors, la foule qui hurle, détruisant tout sur leur passage, car en-dehors, la vie continue, sauf pour ces gens pour qui leur vie va être bouleversée en quelques heures.


Les acteurs sont vraiment très bons, et prompts à se ficher d'eux-mêmes, à l'instar de ce crooner à la Tom Jones, nommé Raphael, qui est une véritable sommité locale, et qui n'hésite pas à en faire des tonnes dans le registre de la star avec un grand S, qui prend tout le monde pour des moins que rien, et qui fait très attention à sa propre beauté, quitte à dormir dans un caisson d'hibernation !
Il y a aussi Mario Casas, qui incarne le chanteur à la mode, présenté comme un abruti aux cheveux longs, et qui ne se rend pas compte que le crooner se fout sans arrêt de lui, jusqu'à lui mettre de l'eau de Cologne dans l'oeil et de faire son télévisé avec un énorme pansement.


Tout le film est comme ça, dans ce délire organisé, où, étonnamment, les références espagnoles passent très bien, car la stupidité des gens face aux médias y est universelle. Et de la Iglesia met le paquet, pour mon plus grand plaisir.
Mais quelle honte que ça n'ait pas eu droit à une sortie au cinéma... Car niveau mise en scène, ça a de la gueule.

Boubakar
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le 15 oct. 2016

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Boubakar

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