Classique sur la forme, moins dans son contexte, ce petit film nous charme durablement et joliment.

Dix ans après le drame de guerre « Des hommes libres » avec Tahar Rahim et le défunt Michael Lonsdale, le cinéaste marocain Ismaël Ferroukhi change radicalement de genre. En effet, il nous offre ici un joli petit film en forme de récit d’apprentissage situé dans un contexte sportif et mâtiné d’un zeste de constat social. Rien de bien transcendant ni révolutionnaire ici mais « Mica » est plutôt plaisant et fait entendre sa petite musique durant plus d’une heure et demie sans faiblir. On suit donc le jeune acteur Zakaria Inan qui incarne le Mica du titre. Et il est épatant et irréprochable comme le sont de plus en plus d’enfants qui s’essayent au cinéma pour la première fois. Son naturel touche en plein cœur, on s’attendrit pour lui en dépit de son côté renfrogné et déterminé totalement en adéquation avec le personnage (on pense à l’enfant de « Le Gamin au vélo » des frères Dardenne). Issu d’une famille pauvre rurale, Mica va devoir travailler dans un hôtel club de Casablanca pour aider sa famille à survivre. Placé à l’entretien des cours de tennis, il va se découvrir un talent pour ce sport grâce à une professeure qui le prend sous son aile. Le script suit des lignes balisées et ne s’en écarte que rarement (le match de fin un petit peu ainsi que la partie avec les passeurs, plus dispensable) mais à raison, tant notre attention est maintenue en dépit d’un ventre mou en milieu de film quand Mica erre dans les rues seul.


Ce sont d’ailleurs ces petits moments qui jurent un tantinet dans « Mica » car ils tentent de conférer un léger aspect social pour densifier le propos. Inutiles et source de petites longueurs, ils n’étaient pas nécessaires et le film aurait pu rester à cent pour cent sur les rails du récit initiatique tendance feel-good movie. Ou alors cela aurait dû être plus approfondi car on reste en surface et comme c’est montré, cela n’a que peu d’intérêt. La mise en scène de Ferroukhi est illustrative mais soignée et il parvient à rendre les quelques échanges de tennis plutôt captivants. Les personnages de la prof de tennis jouée par une Sabrina Ouzani, visiblement contente d’un rôle qui lui change, et celui de Hamid sont d’excellents contrepoints et interlocuteurs au petit Mica. Leurs échanges permettent de mettre le doigt sur pas mal de traditions et contradictions vécues par les marocains même si tout cela reste en surface. Le long-métrage n’échappe pas à quelques clichés (les gamins qui maltraitent Mica par exemple) et des moments attendus mais on passe une projection tout à fait sympathique à suivre les pérégrinations de ce petit bonhomme au destin tristement tracé qui va s’en sortir grâce à un sport. Le film a le mérite de se conclure au bon moment et s’avère gentil, honnête et agréable. Mais sera vite oublié…


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 5 nov. 2020

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Rémy Fiers

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