Michael Kohlhaas par Selenie
Seconde adaptation du roman éponyme de Heinrich Von Kleist après la version de Volker Schlöndorff en 1969. Cinéaste peu connu Arnaud Des Pallières s'est pourtant fait une réputation enviable dans le cinéma d'auteur, sa radicalité reste assez intéressante pour que des acteurs aussi solides que Mads Mikkelsen, Bruno Ganz ou Denis Lavant acceptent de tourner dans un film aux partis pris tout aussi radicaux. Tourné dans les décors superbes et sauvages des Cévennes et du Vercors ce film médieval s'apparente à un western européen. Kolhlaas est un marchand qui prend les armes par vengeance et pour obtenir réparation d'un baron... Un personnage intéressant car éloigné du héros classique comme Robin des Bois ou Ivanhoé, Kohlhaas est en fait un égoïste qui emmène de pauvres bougres à la mort pour son principe personnel et son idée de la justice ; la situation des malheureux qui l'accompagnent ne l'intéresse pas vraiment, il les délaisse dès que son objectif est atteint. D'ailleurs en témoigne la prise d'arme où notre "héros" ne leur demande pas si ses serviteurs peuvent préférer s'abstenir d'aller combattre... La mise en scène est sobre et pure, une radicalité qui nous plonge dans un moyen-âge hyper réaliste et sans fioriture, un film presque naturaliste. Les acteurs ont tous les gueules de l'emploi, l'économie des mots évite le blabla inutile ; la scène la plus volubile étant le discours du prédicateur (Denis Lavant qui incarne Luther, cité dans le roman mais non précisé dans le film) qui tente une leçon de justice sociale devant Michael Kolhlaas pourtant un fidèle de sa doctrine. Parfois contemplatif certaines scènes restent prenantes et particulièrement efficace comme l'attaque de la citadelle à l'arbalète. Un très beau film, qui évite les effets de manches à la hollywoodienne pour une histoire plus viscérale, une plongée dans le passé et une belle idée sur la justice des hommes. Attention, ça reste un film difficile dans sa forme, la rigueur de la mise en scène risque d'en laisser plus d'un sur le côté. L'économie de moyens n'est pas un soucis, la musique est idéale, comme revenu du moyan-âge sans être envahissante, le propos est intelligent et le film ne manque d'un style assez envoûtant. Excellent point pour la jeune Mélusine Mayance (qui joue la fille Lizbeth) toute en intériorité mais qui ne manque pas de caractère. Une bonne surprise