Un petit quelque chose qui manque
Adaptation d'une nouvelle que je n'ai pas lue, Michael Kohlhaas est réalisé par un cinéaste français qui m'était totalement inconnu en la personne d'Arnaud des Pallières. S'il offre une oeuvre imparfaite, le cinéaste propose toutefois un film au message à la portée universelle.
Le film n'est pas parfait parce que je trouve qu'il manque de densité et d'un certain souffle. D'une certaine manière, sur la forme, l'oeuvre peut être comparée à Valhalla Rising de Refn avec des paysages montagneux et une photographie particulièrement léchée. Mais, il manque un je ne sais quoi chez ce cinéaste que pour atteindre le même stade au niveau du fond, une forme de puissance dans la manière d'évoquer son propos.
L'oeuvre propose pas mal d'ellipses et on a surtout l'impression que tous les événements s'enchainent sans réel intérêt de la facette psychologique du personnage de Kohlhaas. En fait, il existe bien sûr cet intérêt de la part du cinéaste. Il est même représenté dans la seule séquence qui soit digne de ce nom et qui apporte justement cette densité et cette puissance qui fait défaut tout le reste du temps, à savoir la confrontation avec l'homme d'église dans le discours et dans son refus de vouloir le prendre en confession.
Kohlhaas est un homme de foi, extrêmement pieu, mais qui ne parvient pas à pardonner à un seigneur et déclenche pour cela une révolte pour obtenir justice. La frontière entre justice et terrorisme est alors extrêmement fine. Ce thème de la justice est universel et l'histoire de Kohlhaas traverse en effet les époques. Elle résonne encore chez tout le monde, vers des personnes confrontées à une injustice et qui visent à obtenir réparation.
Au final, l'oeuvre de des Pallières manque donc singulièrement d'intérêt pour son personnage, d'une densité psychologique qui aurait gagnée à être travaillée. Car sur la forme, le cinéaste fait preuve d'un savoir-faire indéniable.