Cette plongée dans l'enfer des prisons turques est édifiante, chargée d'une forte dose dramatique et émotionnelle, c'est le genre de film qui vous remue les tripes et qui marque à jamais, une oeuvre puissante écrite par Oliver Stone qui obtiendra son premier Oscar du scénario. En même temps, c'est un excellent scénario, mais il a accentué la dramatisation, certaines séquences ont été jugées excessives et racistes par les autorités turques qui ont boycotté le film pendant des années. Malgré ça, Stone et Alan Parker qui a le sens de l'image choc, ont bien rendu la brutalité, les conditions extrêmes de détention et même un certain côté glauque. Parker verse souvent dans un traitement paroxystique véridique, c'est très réaliste. Je crois qu'avec le Papillon de Franklin Schaffner, ce sont les 2 films les plus durs en matière de détention (conditions d'hygiène, brimades, corvées, brutalités...).
Tout ceci est basé sur l'autobiographie du véritable Billy Hayes qui a raconté après 5 ans de ce régime carcéral à la Turque, son expérience et son incroyable évasion ; en dépit des rajouts opérés par Oliver Stone, le scénario est fidèle à 80% de l'aventure qu'il retrace. Il fallait pour incarner ce personnage, un acteur solide, et c'est Brad Davis qui fut choisi au détriment de Richard Gere souhaité par les producteurs ; acteur peu connu qui étrangement, ne profitera pas pleinement du formidable succès du film, il connaîtra une courte carrière avant un décès prématuré, et se fera remarquer aussi dans Querelle de Fassbinder. Son interprétation de Hayes très juste est douloureuse, bouleversante, sincère et quasiment habitée.
Parmi les autres acteurs, on remarque aussi le touchant John Hurt qui n'avait pas encore tourné Elephant Man, Randy Quaid, Bo Hopkins et dans le rôle du gardien sadique, l'étonnant Paul Smith qui se faisait connaître internationalement. Enfin, comment oublier la partition mythique de Giorgio Moroder qui remporta un Oscar ? d'un style très disco (c'était l'époque), elle est typique de son auteur, utilisant des synthétizers rythmés. Et dire que Parker ne voulait pas de musique au départ...
A noter qu' il n'était pas question de tourner en Turquie, mais Alan Parker dégota un vieux fort dans l'île de Malte qui fut réaménagé en copie presque conforme de cette prison redoutable de Sagmalcilar.