Tout d’abord, je peux comprendre toutes les critiques adressées à Midnight Express. Certains diront que c'est une représentation trop sympathique des trafiquants de drogue. Certains diront que c'est trop violent pour être crédible. Certains diront que la représentation des geôliers turcs est caricaturale. Certains diront que c'est une approche trop simpliste des questions autour du trafic de drogue et de la peine d'emprisonnement. Ceux qui disent ça ont en partie raison, on ne peut pas le nier ... mais il ne faut pas s'arrêter à ce simple constat. Le film c'est tout ça, mais ce n'est pas que ça !
Bien qu’il soit difficile de nier que le film tombe un peu trop dans le spéculaire (au détriment du réalisme) et multiplie les facilités scénaristiques, je ne les considère pas comme des défauts. Pour moi, Midnight Express est un thriller haletant qui prend place dans l'univers carcéral. Je ne me pose jamais la question si c'est réaliste ou non. Très certainement que dans ce film, la part de fiction prend le pas sur la part de réalisme, mais personnellement ça ne me pose pas de problème particulier.
Midnight Express brille tout particulièrement par son scénario, qui multiplie les moments de bravoures et de tensions. Parmi les séquences les plus prenantes, je pense bien sûr à la séquence d’ouverture d'une efficacité implacable. C'est vraiment une histoire poignante et captivante, qui plus est basée sur une "histoire vraie". Par ailleurs, c'est le premier scénario d'Oliver Stone pour le grand écran, qui jusqu'alors était totalement inconnu des grands studios. Et puis le jeu des acteurs est exceptionnel, en particulier Brad Davis dans le rôle principal de Billy Hayes. Mention spéciale aussi à Randy Quaid et John Hurt dans le rôle des deux compagnons d'infortune, il sont tout aussi excellents.
En dehors de son écriture et de son casting, l'autre grande qualité de Midnight Experess c'est sa mise en forme. La photographie de Michael Seresin est très belle avec cet éclairage typique des années 80 (beaucoup de zones d'ombres et de clair-obscur), tandis que la direction d’Alan Parker est puissante et intelligemment pensée. Quant à la BO de Giorgio Moroder, elle est merveilleuse. Il n'y a aucun thème marquant à la John Williams, non c'est au contraire une BO atmosphérique qui joue avec les sons stridents ... certains diront trop stridente peut-être, mais moi j'ai adoré !
Il est important de dire que Billy Hayes n’est pas un héros sans peur et sans reproches. Alan Parker ne le présente pas comme tel. Billy a commis ce qui aurait été un crime dans n’importe quel autre pays (la contrebande de haschich). Il s'est fait prendre la main dans le sac et a été condamné à juste titre. Il a enfreint la loi et doit en payer le prix ... mais il y a un "mais".
Billy est d’abord condamné par le tribunal turc à quatre ans d'emprisonnement, ce qui parait être assez juste pour ce genre d'activité criminelle. La prison est dure (ce n’est pas censé être une promenade de santé, après tout), mais Billy accepte sa punition et reste à l'écart des ennuis pendant tout le temps qu’il purge sa peine. Et puis, alors qu’il ne lui reste plus que deux mois d'emprisonnement et que la perspective d’une libération est imminente ...
Une autorité supérieure du tribunal turc revient sur le jugement initial et transforme la peine à 30 ans. Pour quelles raisons, me direz-vous ? C'est tout simplement pour en faire un exemple. À ce stade, la morale se déplace du côté de Billy. Il a purgé sa peine de quatre ans, il s’est comporté comme un détenu modèle, il a accepté sa punition et soudain ... on lui enlève tout espoir de liberté.
Bien que le film prétend raconter une histoire qui s'est réellement déroulée en 1970, ce n’est pas vraiment une "histoire vraie". Selon le vrai Billy Hayes, beaucoup d'éléments sont faux et son évasion est très différente de ce qui est montré dans ce film. Le film tend également à diaboliser la nation turque et présente une vision déformée de son peuple. Est-il possible d’avoir de la sympathie pour Billy Hayes ? Il était pleinement conscient de ce qu’il faisait et connaissait les conséquences de ses actes. Aprés tout, il ne peut s'en vouloir qu'à lui-même, non ? Vous pouvez avoir de la sympathie ou non pour lui ... à vous de voir !
"Quand vous êtes arrêté pour trafic de drogue dans ces pays là, vous êtes dans la m***e" C’est selon moi la vraie morale du film. Aprés, que les événements dépeints ici soient vrais ou faux, peu importe ... ce qu'on retient, c'est la puissance dramatique du film.