Bradley Cooper, que l'on associe systématiquement au Monsieur Belle Gueule des films à succès (L'agence tout risques, Very Bad Trip, Limitless), avait néanmoins eu sa première tête d'affiche dans un registre très différent, avec un rôle plus « normal ». Un petit photographe ambitieux, pas idiot, mais ayant du mal à percer, et prêt à tout pour y arriver, se met à vouer une obsession pour un mystérieux tueur, véritable boucher, qui la nuit venue, découpe abondamment les voyageurs dans le métro. Pour faire simple, c'est du Barker tout craché, une obsession malsaine, qui attire des emmerdes, et renvoie à l'éternel refrain de l'auteur, « mêlez-vous de vos oignons, surtout quand y'a des démons ».
En plus de Cooper, qui assure plutôt bien dans son rôle, on retrouve Vinnie Jones, masse anglaise qui choisit très mal ses rôles, allant du plutôt bon, comme ici, jusqu'aux nanars de bas étages (cf Cross, pour ne citer que lui).
Pour une fois, au lieu d'adapter une nouvelle de Barker et nous servir un direct-to-dvd moyen voire très mauvais, les Américains ont mis toutes les chances de leur côté, embauchant un réalisateur Japonais en vogue, Ryuhei Kitamura, connu pour son gorissime Versus, ainsi que pour Azumi. Toutefois, si le nippon sait livrer des choses gores et exemptes de toute réflexion, il réussit néanmoins plutôt bien à s'approprier l'oeuvre de Barker et nous servir un métrage imaginatif, fascinant, voire hypnotisant, et riche en tension (la scène de l'abattoir en est un bonne exemple).
Bref, Midnight Meat Train est une film intéressant, mais qui divisera le public d'une façon assez spectaculaire; certains y verront une oeuvre terrifiante et fantastique avec quelques séquences gores pas toujours au top, alors que d'autres, à l'inverse, trouveront que c'est un film ennuyeux, jonché de quelques bonnes scènes de boucherie, et clos par un final abracadabrant.
C'est ce qui fait souvent des créations de Barker des oeuvres particulières. Il y dépeint toujours une nature humaine mauvaise, ainsi que des démons manipulateurs, sans que l'on puisse vraiment savoir de quel côté il se place, nous offrant la possibilité de préférer à penser que les démons sont forts, ou qu'au contraire, c'est l'Homme qui est faible. Il nous laisse une forme de libre arbitre, et c'est de cela que se nourrissent — la plupart du temps — ses oeuvres.
Pour conclure, les amateurs de Barker auront de quoi se divertir avec un produit se rapprochant plutôt bien de ce que l'écrivain avait pu lui-même réaliser (Hellraiser, Cabal...). Ceux qui s'attendaient à un slasher bateau et con-con façon Jason risqueront d'être déçus, c'est mieux.
Mention spéciale pour Bradley Cooper, qui s'en sort plutôt bien dans son premier vrai grand rôle, et que l'on aimerait retrouver dans d'autres choses du même niveau, moins pimpantes et moins légères.
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