Prototype du road-movie et du buddy movie dont il possède tous les ingrédients, ce film est une immense partie de rigolade jubilatoire et trépidante, animée par un duo d'acteurs étonnamment drôle : plus habitué au registre comique, Charles Grodin est tout simplement irrésistible et vole parfois des scènes à son prestigieux partenaire ; il le harcèle de remarques et de questions : Vous fumez trop, Vous devriez revoir votre femme, Vous vous souvenez des poules qu'on a vues dans cette ferme ?... jamais on n'avait vu De Niro dans un tel registre aussi comique où il semble être parfaitement à l'aise ; à 45 ans, il prouvait qu'il pouvait incarner les joyeux drilles, il joue à l'idiot, hausse les épaules, alterne coups de poing et plaisanteries, vole une carte du FBI, et navigue "à la débrouille".
Avec Grodin, tous deux se livrent à des joutes oratoires comiques aux dialogues savoureux, et sont soutenus par un casting excellent où des acteurs comme Yaphet Kotto, Dennis Farina ou Joe Pantoliano habituellement plus sérieux, se retrouvent indirectement drôles. Mais la palme va à John Ashton (qui retrouve là son réalisateur du Flic de Beverly Hills) dans le rôle de Marvin : ballotté et baladé par un De Niro rigolard et taquin qui s'en sert de paravent, il en devient lui aussi incroyablement drôle. Un film très détendant, sans ambition mais avec plein de charme, au scénario bien tricoté qui réserve une surprise à chaque détour du périple agrémenté par un festival de scènes comiques et d'action à déguster frappé. En même temps, Midnight Run porte un regard caustique sur l'organisation "à l'américaine" et à sa prétendue efficacité. Je prend toujours un énorme plaisir à visionner ce film.