Quand on est crevé et qu’on n’a pas forcément envie de se retourner le cerveau devant un film, il y a un genre qui fonctionne bien, c’est le buddy movie. C’est souvent léger, drôle, et ça passe tout seul. Alors certes, le genre a été usé jusqu’à la moelle, mais qu’importe, quand c’est efficace, on passe un bon moment. Les Coréens sont plutôt pas mauvais à ce jeu-là. On pourrait citer par exemple le très bon Confidential Assignment, le très fun The Accidental Detective, ou encore le très sympathique Detective K et ses deux suites. Mais la liste est longue car la Corée a l’habitude de mixer les genres et donc le mélange comédie / policier ne lui fait jamais peur. On va rajouter aujourd’hui la très bonne surprise Midnight Runners, un film qui sur le papier ne partait pas gagnant (deux beaux gosses de séries TV en guise de héros, un réalisateur dont le reste de la filmo n’a rien d’attrayant) mais qui va s’avérer diablement efficace.


Doté d’un budget de 6.4M$US, Midnight Runners est un succès en Corée à sa sortie, accumulant pas moins de 5.6 millions d’entrées et 39M$US de recettes sur sa durée d’exploitation. Il a été présenté chez nous au Festival du Film Coréen de Paris où il a, semble-t-il, soufflé un vent de fraicheur auprès des festivaliers. C’est une comédie policière qui donne la part belle à la bromance. En effet, on va suivre deux jeunes garçons qui suivent leur formation pour être policier. Nous avons d’un côté Ki Joon, tête brulée au bon cœur toujours partant pour l’action. De l’autre, nous retrouvons Hee Yol, plus cérébral, plus stratège, plus posé. Tous les deux ont une vision romanesque de leur futur métier de policier. Mais lorsque, au détour d’une soirée un peu arrosée, ils assistent à un kidnapping en pleine rue et qu’ils filent vite au commissariat le plus proche pour le signaler, ils se rendent vite compte que cette façon de voir la Police n’est qu’une utopie. Entre les procédures, les lenteurs administratives, les priorités qui ne sont pas forcément les leurs ou encore le manque d’éthique de certains policiers, ils ne voient qu’une solution : enquêter eux-mêmes, sans la permission de personne. Mais plus ils vont investiguer, plus ils vont se rendre compte que ce qui n’était au départ qu’un simple kidnapping est en fait un vaste réseau de trafic d’humains organisé par des gens sans foi ni loi.
Le déroulement de l’histoire de Midnight Runners va être somme toute assez classique et déjà vu. On va avoir droit aux phases d’entrainement, à la scène de cantine, aux moments de conflits puis de complicité entre nos deux héros. Leur apprentissage ne sera au final qu’en toile de fond et ne va servir qu’à poser le cadre de l’enquête et de montrer, du moins au début du film, l’inexpérience de ces deux jeunes hommes. Car même s’ils ont tous les deux envie de la même justice et qu’ils vont se donner à fond, ils sont malgré tout très inexpérimentés et ont clairement encore des attitudes d’adolescents.


L’humour du film va énormément venir de la complicité entre les deux personnages et, de manière plus large, de celle des deux acteurs qui semble réellement palpable. Ils se retrouvent toujours dans des situations qui les dépassent et sont obligés d’élaborer des plans improbables pour arriver à s’en sortir. Mais ce ne sont encore que des grands gamins, avec des réactions et des manies de grands gamins. On aurait pu avoir peur d’un film qui réunit deux beaux gosses stars de séries TV, Park Seo-Joon (Fight For My Way, She Was Pretty) et Kang Ha-Neul (When the Camelia Blooms), afin d’attirer la gent féminine dans les salles. Mais ils sont sincèrement très bons et deviennent immédiatement attachants. Les seconds rôles ne sont malheureusement pas assez développés pour être intéressants, et à part celui du professeur Yang, interprété par Sung Dong-Il (Along with the Gods, The Chase), les autres sont clairement oubliables. Il faut dire que l’histoire est très centrée sur ses deux héros, aussi bien dans la partie comédie que dans la partie policière. Midnight Runners va alterner de manière homogène les interactions rigolotes entre Ki-Joon et Hee-Yeol, et scènes d’enquête qui finiront constamment en scènes de combats avec les malfrats. Ces scènes de baston sont dans un style réaliste. Point de grosse chorégraphies ici, point de héros bien badass comme le ciné coréen nous en sort régulièrement, mais de la bonne grosse baston de rue où tout le monde en prend plein la gueule et finit contusionné. C’est bien filmé, visuellement propre (on a l’habitude avec le ciné coréen), toujours lisible, bien punchy, et amène encore plus de piquant à une enquête certes classique au final, mais prenante et qui donne envie de découvrir le fin mot de l’histoire. La partie comédie fonctionne, la partie polar également, l’équilibre est très bien dosé, et le réalisateur en profite même pour critiquer le système policier de son pays, souvent mis à mal dans les films du genre.


Midnight Runners est un buddy movie léger et rafraichissant malgré la thématique qu’il traite. Le film va à 100 à l’heure, c’est une vraie course contre la montre, et le résultat est un divertissement vivement recommandé.


Critique avec images et anecdotes : ICI

cherycok
8
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le 18 déc. 2020

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