Duplicity lights
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Quand on ne lui demande pas de jouer de manière outrancière un général extraterrestre, Michael Shannon est un acteur extraordinaire. Quelles que soient les qualités des films de Jeff Nichols, il ressort de manière éclatante que Shannon les portent à bout de bras. Il se dégage un mélange de force, de violence contenue dans son jeu… et comme il a une « Gueule », chose finalement assez rare dans le cinéma américain contemporain, il va commencer à être temps de se pencher sur son cas côté récompenses.
Après cette déclaration d'amour au général Zod, parlons du film. A cheval entre le road movie, le Shyamalan (mais en bien) et le drame très proche de ses personnages, Midnight special raconte la fuite d'un père et de son fils échappés d'une secte et poursuivis à la fois par des membres de cette dernière et ce qui se fait de mieux en terme d'agences gouvernementales.
Pas de questionnement sur la réalité de ce qui nous est montré à l'écran puisque la réponse est donnée rapidement dans l'histoire, le gamin a vraiment un truc particulier. Il s'agit bien de fantastique, et l'histoire nous emmène dans une direction que je trouve surprenante. Sans rien spolier, je me contenterais de préciser que le développement de la relation père-fils, est traité avec une finesse remarquable, que les personnages périphériques comme le gourou (joué par le toujours impeccable Sam Shepard) ou l'analyste de la NSA (un très bon Adam Driver) sont tous au niveau et participent à la cohérence de l'histoire en ayant tous un jeu plutôt en nuances, ce qui est plutôt une bonne nouvelle dans la mesure ou les gros plans sont légion.
Peu de choses à reprocher au film qui est également (et c'est une constante chez Nichols) formellement très réussi (photo, montage, cadres…), si je devais ajouter un léger bémol à ce concert de louanges, il se situerait plutôt dans la dimension intrinsèquement Shyamalienne du film et donc dans sa résolution concernant l'enfant (pour les adultes je trouve la fin très bien gérée), qui me paraît toujours décevante dans ce genre de film.
Quoi qu'il en soit, Jeff Nichols a cette faculté de prendre au tripes le spectateur, à le faire rentrer dans l'histoire qui pourrait sembler convenue pour au final nous parler d'autre chose, s'attachant aux relations d'amitié, à l'amour familial, à la foi, au choix… comme souvent, le fantastique sert de support pour nous raconter une histoire universelle.
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Créée
le 20 mars 2016
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