Ari Aster aime surprendre, au point de livrer un récit en total contraste avec la pénombre occulte d’Hérédité ; en témoigne le cadre très lumineux et floral de Midsommar. L’horreur ne vient plus d’entités démoniaques, mais d’une simple opposition des mœurs et de la morale. Un groupe d’étudiants en anthropologie part en Suède, observer une communauté païenne. À travers une mise en scène très réfléchie, Aster nous plonge dans une sorte de méditation hypnotique de près de 2h20, de quoi s’imprégner de l’ambiance insidieuse de ce conte de fée dérangeant. Florence Pugh se révèle dans la rupture émotionnelle et mentale de son personnage, découvrant les rites nauséeux et festivités hallucinatoires de cette grande famille panthéiste. Marquée par une BO glaçante, où les cordes frottées agonisent sur un Folk nordique ritualiste, et des schémas Drone oppressants, l’atmosphère devient surréaliste et transcendante. La construction de l’univers entourant cette simili-secte est sensationnelle, particulièrement pour les étoffes et fresques sur les murs, ainsi que les chants et danses. Les cadrages géométriques, arrière-plans qui se déforment, et la palette de couleurs guillerettes accentuent la conception méticuleuse et ambitieuse de l’œuvre, même si on n’adhère pas à toutes ses idées.