Ces jours-ci, l'ami Roland fait acte de repentance : il avoue que Independence Day : Resurgence, c'était pas top, et qu'il aurait dû quitter le navire en même temps que Will Smith. Dommage que sa clairvoyance soit si tardive, le réalisateur nous aurait ainsi épargné sans aucun doute possible le pire film de sa filmographie. Et cela lui aurait permis de s'atteler à sa chère bataille bien plus tôt, lui qui dit avoir envie de la mettre en images depuis plus de vingt ans.
Après, il faut aussi dire que Midway, c'est bien, et qu'il faut aller le voir, car on est en tournée promo et qu'il faut rassurer le spectateur échaudé. Pas grave, on mettra aussi l'accent sur l'action et les SFX pour noyer le poisson, les débiles comme le masqué, fan de blockbusters idiots d'après le mauvais oeil, n'y verront que du feu.
Sauf que Behind ne s'attendait pas du tout à ce que Roland Emmerich coule son porte-avions...
Surtout que l'entame de Midway pouvait ressembler à une réinterprétation flash de Pearl Harbor, film de sinistre mémoire pour beaucoup.
Roland en avait sans doute conscience, car il a visiblement expurgé tout l'aspect de fresque romanesque, que beaucoup ont jugé pompière, du film de Michael Bay, pour ramener cet épisode du côté de la grande Histoire (un peu romancée, certes). Midway sera donc un film choral, multipliant les lieux et les protagonistes pour développer une belle vision d'ensemble de la bataille. Plutôt bien équilibrée entre les enjeux humains et l'action déployée, et ce malgré les presque deux heures trente de projection. Pas de temps morts, exposition plutôt claire et enlevée, Midway fait dans le professionnel et le carré, tandis que l'action sera montrera, elle, efficace.
Et s'il faut reconnaître que certains clichés du genre ont la vie dure, comme celui de la tête brûlée, Emmerich fait musarder sa caméra près de certains aspects peu communs, surtout quand il s'attarde sur les services du renseignement et des décrypteurs des messages radios adverses, permettant de mettre en avant le toujours impeccable Patrick Wilson.
Midway est aussi l'occasion, pour Roland, de renouer avec l'idée qu'il se fait du blockbuster destructif, lui qui avait carrément floué son public avec Resurgence de ce côté là : et c'est avec un plaisir régressif que l'on accueille son approche visuelle. Car dès lors qu'il s'agit de provoquer une pluie de métal ou de filmer le feu intense de la guerre, Emmerich semble comme ressuscité. Que ce soit sur l'eau ou dans les airs, la caméra virevolte et l'action, sans mauvais jeu de mots, se montre plutôt de haute volée, tandis que le spectateur exulte devant les explosions généreuses, ou éprouve au contraire de la frustration quand un tir vient à manquer sa cible.
Midway remplit donc sa mission de blockbuster haut la main : le divertissement est au rendez-vous, la reconstitution apparaît pêchue, et le spectateur y trouvera sans aucun doute son compte. Mais ce qu'il reprochera à coup sûr au film, c'est qu'hormis Patrick Wilson et Woody Harrelson, il y a comme un manque assez cruel et malheureux de charisme dans la distribution, interdisant au film de se hisser au dessus de son statut de blockbuster sympa.
Argh ! Tu y étais presque, Roland... Et n'utilise pas, en guise d'excuse, un jeu de mots du genre Yamamoto Kadératé, tu serais même pas drôle. Mais bon, tu arriverais presque à nous faire oublier Resurgence, alors...
Behind_the_Mask, comme un avion.