La bataille, le nez dans le cockpit

Bien loin de ses précédentes réalisations d'entertainment, Emmerich nous offre ici un film de guerre comme le cinéma américain avait arrêté d'en faire il y a longtemps (à l'exception notable de Pearl Harbor). Le film se heurte nécessairement à la comparaison avec celui de 1976. Plus long, il recadre dans sa première partie, la bataille au coeur de la Seconde Guerre Mondiale, n'hésitant pas à repasser par Pearl Harbor et l'attaque américaine sur le Japon. C'est seulement après avoir replacer l'évènement dans cet espace temps que le film se consacre véritablement à la bataille proprement dite. Si le casting peut s'appuyer sur quelques stars (Dennis Quaid ou Woody Harrelson), il ne peut pas se prévaloir d'un casting à la hauteur de son devancier. Le film fait également fi des images d'archives, largement utilisées pour les scènes de combat dans le premier film (petit clin d'oeil toutefois à John Ford qui filmait pour l'armée américaine à cette époque). La technique actuelle permet de recréer en numérique les scènes de combat aérien, permettant d'inclure davantage le spectateur dans l'action, même si l'on s'étonne un peu de la rapidité (volaient-ils sur des Rafales à l'époque ?) et sur le nombre ahurissant des tirs ennemis (balles ou lasers façon Star Wars ?). Toutefois, et c'est à noter, le film s'attache davantage à rendre la vérité des hommes, qui, au coeur de l'action, mettaient leur vie en danger, alors que le film de 76 s'attache plus à la stratégie et aux réactions des hauts-commandements. Par ce point de vue là, on appréciera davantage le film d'Emmerich qui nous rend la guerre plus vraisemblable, ou tout du moins, plus à notre portée. Il est rare de préféré un remake (si tant est que l'on puisse parler de remake dans ce cas), mais ce film s'attache plus aussi sur le décodage du code japonais, et sur le travail des services d'espionnage et de renseignement dont le travail a été essentiel dans cette bataille. Une polémique toutefois : le film de 76 faisait de Yamamoto le grand manitou de l'opération, ne donnant à Negumo qu'un rôle subalterne, alors que celui-ci rend Negumo responsable de l'échec que Yamamoto semblait prévoir de sa part. Qui a raison ?

Sébastien Gay

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