de la lenteur, de la langueur, des maux en peu de mots. La nature grande et belle est omniprésente mais indéchiffrable en écho au mystère de la disparition des abeilles qui force le père de Yusuf à aller installer ses ruches loin du foyer familial... tout ça est très baudelairien : la nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles l'homme y passe à travers des forêts de symboles qui l'observent avec des regards familiers. Tout cela nimbe l'atmosphère d'une couche épaisse de mystique en dépit de l’ultra réalisme de la vie très simple que mènent Yusuf, sa mère, son père. Discrètement, la religion, le rêve. De beaux cadrages jouant sur les contrastes entre les couleurs (rouge/noir vert/blanc), des angles apparents, une ligne d'horizon nette, l'importance des sons : peu de paroles mais de nombreux bruits, le craquement du bois, le frottement des pieds sur le plancher, une clochette au vent. L'angoisse du petit Yusuf est palpable : sa phobie de la phrase, l'attente sourde du retour de son père...le temps semble suspendu dans un équilibre précaire. ce joli film nous rappelle à l'ordre : l'authenticité d'un être ne se mesure pas à son inflation verbeuse, le vivant existe dans la simplicité d'un silence. tout est dit