Tintin au pays des capitalistes

Paul Kerjean, journaliste à la fois jeune est chevronné (on appréciera plus ou moins la comparaison avec Tintin), est chargé par un mystérieux indicateur d'enquêter sur Jacques Benoit Lambert, un PDG puissant et au-dessus de tout soupçons. Son enquête le mènera dans les très hautes sphères et le poussera à dénoncer la toute puissance des multinationales, ici représentées par l'entreprise fictive GTI. Sujet d'actualité encore aujourd'hui (oui j'en ai beaucoup des phrases bateau comme ça).

Sujet très complexe aux nombreuses ramifications et magouilles tordues, que Henri Verneuil parvient à rendre compréhensible au travers de plusieurs scènes clés. Notamment un procès ou les dirigeants doivent expliquer leurs actes. Pas très subtil mais indispensable, j'avoue que sans ça j'aurais été perdu. Ainsi qu'une scène très théâtrale montrant une réunion des dirigeants des multiples filiales et sous traitants de GTI. Cette véritable immersion, filmée d'une main de maitre, est autant captivante que nécessaire à la compréhension des enjeux.

Un scénario haletant et riche en péripétie, idéalement servi par un casting impressionnant. Pour ne citer que les trois meilleurs des meilleurs, je dirais que Patrick Dewaere est impeccable comme d'habitude. Charles Denner est littéralement lumineux, cet éternel second couteau à la carrière décevante au vu de son talent (selon moi) illumine les deux petites scènes dans lesquelles il apparait. Enfin Michel Auclair est lui aussi à la hauteur de son talent dans ce rôle intéressant de grand ponte à l'esprit d'autocritique très développé.

Un film politique très réussi, véritable œuvre des Lumières qui fait prendre conscience de la réalité du monde. J'emmétrais un petit bémol sur l'histoire parallèle entre notre journaliste et son ex-femme qui est de trop ici. Ainsi que sur une fin un peu trop guimauve, mais qui n'entache pas les indéniables et nombreuses qualités de ce film.