Un terrible accident d’avion entraîne la venue sur place de Bill Smith et de son équipe, travaillant pour le Conseil national de la sécurité des transports. Bill est un bourreau de travail, consciencieux. Mais il rencontre une jeune femme secrète, Louise, tous deux tombent sous le charme, mais celle-ci veut le convaincre d’arrêter son enquête. Celle-ci s’annonce simple et semble causée par une défaillance du système. Et pourtant, cet accident est lié au futur, 1000 ans plus tard.
Le film est largement oublié de nos jours, mais il s’agissait d’un gros projet, produit par Gladden Entertainment et distribué par 20th Century Fox, adaptant un écrit de l’auteur américain John Varley. Derrière la caméra, c’est le vénérable Michael Anderson, oscarisé pour le Tour du monde en 80 jours de 1956 et célèbre aussi pour le film culte L’âge de crystal, une précédente incursion du réalisateur dans la science-fiction.
Les moyens sont là, et le rendu est propre, pour ne pas dire remarquable dans certaines scènes, comme le crash des avions, spectaculaires, ou leurs points d’impacts, bien rendus avec la déchirure de la terre, les débris fumants et un certain sentiment de désolation. La légende veut que des aviateurs aient signalé le lieu de tournage en plein air comme un véritable accident à leurs tours de contrôle. C’est malheureusement moins le cas pour le futur, d’une inspiration métallique et poussiéreuse sans grande personnalité, son transhumanisme excepté. Il y a même un décalque de C3PO avec un humour plus anglais, qui jure car assez toc. Dommage, on le reverra souvent.
Malgré ces passages futuristes assez décevants, le film se laisse pourtant voir avec une certaine curiosité. Sa structure même est particulière, en faisant commencer le premier tiers du pont de vue masculin, pour poursuivre avec celui de Louise avant de réunir les deux. Cette alternance de points de vue est à l’image des différents genres que le film emprunte, en commençant par cette enquête pleine de suspense, l’interruption du futur avec un retour dans le temps qui permet d’apprécier différemment la rencontre entre Bill et Louise, proche de la comédie romantique, avant que le film ne fasse la synthèse avant de se conclure. Les passages de tel genre à l’autre ne sont pas marqués, tout se fond assez bien.
La cohérence du film est d’ailleurs assurée principalement par ce couple, où la femme se montre tout aussi importante, si ce n’est plus que l’homme. Kris Kristofferson incarne la figure masculine, sûr de lui mais prêt à laisser une petite place dans son coeur, dont le regard bleu doux et le visage buriné brouillent son âge. Cheryll Ladd se montre d’abord insignifiante, avant que les révélations du scénario ne lui permettent d’élargir sa gamme. Sous l’apparente dureté qui se fait alors jour, se cache aussi un petit volcan d’émotions qui ne demande qu’à surgir. Leur alchimie fonctionne, à l’image du scénario qui a besoin de la stabilité de leur couple pour sauver ce qui peut l’être.
Malgré ses petites faiblesses, comme le rendu du futur mais aussi quelques idées scénaristiques malhabiles et une musique terriblement passe partout, Millenium est un film assez intrigant voire captivant, aux nombreuses surprises et porté par un duo d’acteurs investis, tourné avec un certain respect du spectateur. C’est une agréable surprise, assez éloigné du film de série B attendu.