Millénium 3 - La Reine dans le palais des courants d'air par Christine Deschamps

Dernier opus probable des aventures de la fille qui exècre les hommes qui détestent les femmes. Autant dire qu'elle a du grain à moudre dans notre monde, même en Suède... On l'a laissée à moitié morte dans l'épisode précédent et la voilà dans une mouise institutionnelle noire. Et on sait combien elle aime les institutions, qui en général le lui rendent bien. Heureusement, cette solitaire teigneuse compte quelques amis fiables, qui n'ont pas peur de son impressionnante altérité. Et finalement, c'est bien le fondement de cette trilogie sombre comme les abysses : la peur. Comment elle transforme les rapports humains et engendre des abus de pouvoir assez terribles. Ces hommes qui abusent des femmes sont présentés dans les trois épisodes comme des lâches relativement médiocres qui se servent des avantages dont ils disposent pour humilier, écraser et raffermir leur situation de domination, quelle qu'elle soit. Et ça se traduit dans les rapports hommes/femmes comme dans la sphère politique. Il s'agit pour eux de se protéger au maximum, en laissant libre cours à leurs pulsions les plus viles. Un portrait sans concession de notre société, que vient éclairer malgré tout la présence de quelques lumineuses exceptions : la rédaction de Millénium, la sœur avocate de Michael, les quelques tocards magnifiques que Lisbeth Salander compte comme amis, et surtout Lisbeth elle-même, fière souveraine de son royaume personnel, réduit à très peu de choses, au final, mais rien qu'à elle. Standing ovation pour la scène de son arrivée à son procès pipé, en grande tenue de guerre, la crête fièrement dressée, toute bardée de métal et peinte comme une voiture volée. On dirait l'un de ces chefs défaits des photos de la conquête de l'Ouest, dont aucune déroute ne peut entamer la dignité. Les représentants d'une espèce en voie d'extinction, acculés à leur prochaine disparition, mais incapables d'être réduits à la triste condition des perdants. Alors, du coup, on excuse la caricature paternelle, le frère digne d'un méchant de James Bond ou les quelques invraisemblances de l'histoire pour savourer la lutte disproportionnée du pot de terre, parce que, d'un coup et contre toute attente, il en jette d'une façon tout à fait jouissive !

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le 1 déc. 2018

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