Comme je l'ai déjà dit quelque part Fincher c'est toujours un peu difficile à appréhender lorsqu'on a du mal à supporter ses petits tics visuels et son maniérisme de réal de pub. Donc autant dire qu'avec cette méfiance dont je fais systématiquement preuve à son égard c'était mal barré. D'un autre côté, n'ayant pas lu les bouquins je pars débarrassé de toutes revendications vaines portées par le lectorat d'une œuvre adaptée au cinéma, en principe livrée avec déception gratuite et réduction d'intérêt.
C'est donc après un générique hideux pour lecteur MP3 massacrant Led Zep dans lequel Fincher se prend pour Cunningham que je bénie doublement le ciel de ne jamais avoir lu les bouquins ; parce qu'on sent bien l'appropriation stylisée emplie de maniérisme ambiant pour soit disant sublimer le glauque du sujet.
Définitivement, non merci.
Ouais c'est chouette, c'est techniquement nickel, et c'est même tellement propre que ça en devient stérile. Si vous aimez les réalisateurs dont les films deviennent de plus en plus longs, déshumanisés, impersonnels, un brin pédant et qui ne prennent aucun risque artistique, Fincher est fait pour vous.
Voyez vous ce que j'ai de plus en plus de mal à pardonner à ce cinéma de néo académiciens esthétisant l'ennui par un habile jeu de fumisterie scénaristique couplé à une exécution éthérée du sordide, c'est sans aucun doute le désormais omniprésent placement de produit insultant l'art que ces messieurs prétendent pratiquer, ainsi que le spectateur pris pour cible.
Fut un temps où le cinéma vendait des idées, pas des produits Apple.
Pour en finir avec le film, Fincher nous ennuie mais il le fait bien. On sent bien toute l'expérience du réalisateur qui doit maintenant avoisiner les 25 ans de carrière, le long desquels il a pu peaufiner à l'aide de répétitions innombrables de shots et autres tyrannies son sens du cadrage et du détail de composition de l'image. De cette expérience il conserve donc l'art de se masturber de plus en plus longuement devant son écran de contrôle, et un ou deux collaborateurs complaisant plus ou moins récents : Cronenweth qui doit maintenant être proche de la cécité à force de sous éclairer chaque plan, et Reznor qui devait tellement se faire chier ici à composer qu'il s'est porté volontaire pour placer un ou deux posters de NIN dans le décor entre deux notes de piano accidentelles.
Je vous passe l'intrigue, j'ai pas lu les bouquins encore une fois, mais je peux vous dire qu'ici on résout tout le merdier grâce à un MacBook Pro et une suite de logiciels Apple.
Même si ça fait plaisir de retrouver ce bon vieux Plummer et son œil de petit chenapan, on ne peut que déplorer l'absence totale de relief de l'ensemble des personnages, perdus entre mise en scène expéditive, écriture caricaturale, et jeu sous Tranxene.
Un petit mot pour le perso de Lisbeth: c'est bien gentil d'avoir un petit cul et des nichons tout mignons mais le prototype de la rebelle wannabe fan de Indochine y en a plein la sortie des lycées, et des plus dangereuses. Genre elles ont des mycoses aux pieds ou des poux, quoi.
En plus d'être complètement Luc Bessonnien, le personnage ne suscite ni attachement physique (sauf si vous êtes attendris par une psychotique sociopathe bisexuelle toxicomane maquillée au crachat de tabac à chiquer...mais dans ce cas je peux rien pour vous), ni attachement moral (mêmes raisons).
Malgré ce 5 qui ne fait que valider l'aspect technique du film je n'en reste pas moins convaincu que ce dernier se fout de ma gueule de toutes ses forces, et surtout de toutes ses faiblesses. Il est long, il est pantouflard, un service minimum un jour de grève artistique.
J'en ai marre de ces films pour lesquels je passe mon temps à régler le contraste de mon écran pour y voir quelque chose, surtout si c'est pour tenter d'apercevoir quelque chose qui capte mon attention.
Une enquête qui sent le réchauffé dans un plat froid, servie avec extrême lenteur, terminée par un dessert aussi commun qu'un yaourt nature, tout ça pour sortir de table au bout de trois plombes avec les dents du fond qui baignent.