J'ai tout de suite été convaincu par ce film. Il faut dire que Miller's Crossing possède tout un tas de qualités: les dialogues sont pleins d'esprit, le suspense est présent, la mise en scène est admirable et surtout, comme toujours avec les frères Coen, le film peut aussi bien vous faire rire que grimacer au cours de la même scène.
L'écriture est évidemment la première qualité du film. Les personnages sont captivants et les dialogues déroulent avec beaucoup de naturel. Je suis persuadé qu'il faudrait plusieurs visionnages pour saisir tous les détails au sein d'une même scène entre dialogues, jeu d'acteur et les décors les entourant.
Les acteurs, justement, sont de premier ordre, et ce jusqu'au dernier petit gangster. Gabriel Byrne joue Tom l'anti-héros à la perfection et le personnage de gold-digger utilisant ses talents pour protéger ses intérêts qu'incarne Marcia Gay Harden est excellent. Le reste du casting est tout aussi bon, notamment Albert Finney en truand ou John Turturro en bookmaker à l'éthique douteuse. On remarque aussi les cameos savoureux de ceux qui seront bientôt des habitués des frères Coen, en l’occurrence Frances McDormand et Steve Buscemi. Toutefois, les deux performances les plus mémorables sont à mes yeux celles de Jon Polito en tant que Johnny Caspar, un sous-chef mafieux imprévisible et J.E. Freeman qui incarne son homme de main vicieux Eddy Dane.
A ce titre, le monologue de Polito sur la problématique de l'éthique en ouverture de film est une des scènes les plus marquantes.
Les frères Coen figurent aujourd'hui parmi les gardiens d'un certain type de cinéma où le scénario est prioritaire et qui prouve qu'on peut faire d'excellents thrillers sans surenchère d'effets spéciaux ou de superbes comédies sans stars bankables. Miller's Crossing, leur troisième film, symbolise parfaitement ce que sera leur cinéma. Un indispensable.