J'avais envie de mal noter ce film parce qu'on a pas besoin d'une histoire supplémentaire dans l'espace public d'une Lolita machiavélique qui subjugue et contrôle un homme de +50 ans, mettant une fois encore la responsabilité d'une relation sexuelle inappropriée sur les épaules d'une enfant-femme. Par ailleurs, le couple Matrin Freeman X Jenna Ortega avec ses +30 ans de différence, c'est un truc de gros malade.
Mais voilà, les deux acteurs sont tellement bons qu'on s'en fout un peu. Et il n'y a pas qu'eux : la femme de Martin Freeman, castratrice, réelle, mais aussi puissante et véridique. La copine de Jenna Ortega, étrangement sexualisée mais attachante quand même. C'est l'anti-thèse du Nabokov, càd que c'est écrit par une femme pour les femmes, l'adolescente est un génie du mal, une veuve noire, elle s'ennuie dans son petit patelin paumé alors elle détruit le monde. La femme de Martin Freeman est impériale et clairvoyante, on veut être elle non pas pour être mariée à son mari pathétique mais pour ressentir un centième de la satisfaction qu'elle a à le castrer et à l'écraser sous son talon.
Les adolescentes comme ça, ça n'existe jamais. La difficulté de ce film c'est qu'il est tellement bien fait qu'il fait oublier à quel point c'est stupide et irréaliste, par une écriture lyrique et fleurie et des performances du tonnerre - si Jenna Ortega et Martin Freeman me disaient que la pâté pour chat c'est du caviar iranien, je ne les croirais peut-être pas mais je douterais, et surtout je les écouterais quand même.
Bonus : cinématographie rêveuse du genre Mercredi adoptée par les Serpentard en Louisiane + le nom d'héroïne romantique Cairo Sweet qui déboîte.