La vieille Annie-aux-pommes (Bette Davis) est une clocharde bien connue des bas-fonds de New York. Ce que peu de gens savent, c’est qu’elle a une fille. Elle lui écrit souvent des lettres, en se faisant passer pour une grande dame de la haute société new-yorkaise. Aussi, lorsque sa fille lui écrit qu’elle vient lui rendre visite en compagnie de son fiancé et de son père, tous deux membres de la noblesse espagnole, Annie n’a d’autre choix que celui de se faire passer pour ce qu’elle prétend être. Avec l’aide du caïd Dave Conway (Glenn Ford), elle et ses amis vont déployer tous leurs moyens pour transformer la clocharde en lady…
Dernier film de Franck Capra, Milliardaire pour un jour est le remake par le réalisateur d’un de ses propres films, La Grande dame d’un jour. Evidemment, ce dernier n’avait nul besoin d’une nouvelle version (ce qui prouve que la mode des remakes inutiles ne date pas d'hier), mais tant que c’est Capra lui-même qui décide de s’y attaquer, on peut être à peu près sûrs de la qualité de cette nouvelle version.
Pourtant, la comédie met très longtemps à démarrer, passant par une première heure dénuée de rythme, autant que d’humour et d’émotion, qui fait craindre le pire. Fort heureusement, le pire n’arrive jamais, Capra ayant gardé tout son génie pour une deuxième heure qui frôle la perfection, tant le réalisateur y déploie tout son savoir-faire, mêlant la comédie et le drame avec une habileté extrêmement rare, une habileté que seuls un Lubitsch, un Wilder ou un Capra peuvent se vanter de posséder, une habileté qui peut prendre corps ici grâce à un casting impressionnant de justesse, sur lequel trône une Bette Davis au meilleur de sa forme.
Ultime sursaut d’un génie qui s’éteindrait à tout jamais par la suite, c’est donc avec une attention et une émotion particulière qu’on se délecte de cette comédie dramatique, guère exempte de défauts, mais qu’on peut, malgré ses longueurs coupables, considérer comme un superbe testament livré par un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma.