Dur, intense, impitoyable, et une très belle histoire d'amour sur un thème cher à Clint Eastwood, les relations père-fille.
"Dur ne suffit pas", telle est la devise affichée au fronton de la salle de boxe dirigée par Frankie Dunn. C'est aussi la première chose qu'il dira à Maggie Fitzgerald lorsqu'elle débarquera dans la salle. Ce n'est pas un principe de boxe, c'est une règle de vie, car elle ne fait pas de cadeaux.
Nous suivrons les destins de trois personnages qui se croisent autour d'une salle de boxe.
Eddie Dupris, alias "Scrap Iron" (Morgan Freeman) fut un grand boxeur qui n'a jamais pu endosser la ceinture de champion du monde et regrette de n'avoir pu disputer son 110ème combat. Ami avec Frankie Dunn, il travaille à entretenir la salle contre une faible rémunération.
Frankie Dunn (Clint Eastwood), fut un grand soigneur et un entraineur réputé. D'origine Irlandaise et catholique pratiquant, il va régulièrement à la messe où il joue les iconoclastes. On devine une plaie profonde. Il écrit tous les jours depuis des années à sa fille des lettres qui lui reviennent invariablement et qu'il range précieusement.
Maggie Fitzgerald (Hilary Swank), vient d'une famille misérable, sordide, veule, malhonnête et sans scrupule. "Elle a grandi avec une seule certitude: elle ne valait rien!". C'est la rose qui pousse dans le désert, on sait que c'est impossible, mais on veut y croire: elle est honnête, travailleuse et courageuse. Son père lui manque.
On peut reprocher à Clint Eastwood de faire du misérabilisme, mais il ne tombe jamais dans la mièvrerie. Au contraire, ses héros sont durs et ne se plaignent jamais. C'est la vie qui est impitoyable.
Ce n'est donc pas un film sur la boxe. Les thèmes sont l'euthanasie et l'amour père/fille (un thème récurrent chez Eastwood) et le film se déroule dans le milieu de la boxe. La boxe présente cet avantage d'être très visuelle, spectaculaire et commode à filmer.
Si Clint Eastwood avait voulu faire un film de boxe ou nous présenter une simple histoire d'amour filial, le reproche que certains lui font, de vouloir juste faire pleurer dans les chaumières pour faire des entrées, serait justifié, mais il s'agit d'un film militant pour l'euthanasie.
Pour faire un film sur l'euthanasie, je ne vois pas d'autre moyen que de montrer des liens affectifs très forts avant de plonger dans l'horreur, d'atteindre le spectateur au plus profond avant de le mettre en face du plus terrible dilemme qu'on puisse rencontrer.
J'ai connu une histoire encore plus tire-larmes que celle-ci, et pourtant elle ne devait rien à aucun scénariste, seulement au destin.
Le choix est encore plus difficile pour quelqu'un, comme Frankie Dunn, qui a des convictions religieuses.
Le curé le lui a bien dit: "Si vous commettez un tel acte, vous vous perdrez au fond d'un abîme dont vous ne reviendrez jamais". C'est donc en toute conscience que Frankie fait à Maggie le plus grand sacrifice qu'un croyant puisse faire, tout en lui révélant que "Mo Cuishle" signifie "mon sang, mon amour", autrement dit: ma fille. Il l'adopte et la tue dans le même instant.
Je me suis longtemps demandé pourquoi mon chien acceptait certains visiteurs et pas d'autres. A force d'interrogations, j'ai fini par soupçonner qu'il détectait l'absence d'empathie. J'ai donc décidé de demander à tous mes invités leur avis sur ce film: étonnante corrélation!
Si ce film ne t'as pas touché, ne sonne pas chez moi!
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