Mimic 2 était une catastrophe : laid, inintéressant, prévisible, il était complexe de lui trouver des qualités de manière objective, son visionnage se résumant surtout à de l'ennui, du dégoût et de l'incompréhension. Se mater le trois pouvait intimider : si les fins de trilogie sont souvent encore plus mauvaises que leur première suite, Sentinel déroge à la règle en s'élevant légèrement au dessus de son prédécesseur grâce à sa mise en scène un poil plus soignée.
On est surpris au départ par son manque de lien avec le film original; si l'on évoquera à quelques reprises une certaine épidémie néfaste ayant exterminé une race de cafards humains, ni l'atmosphère horrifique ni les sous-sols vivants ne seront présents. L'oeuvre décidera au contraire de se focaliser sur un jeune survivant traumatisé par l'expérience d'avoir connu cette pandémie qui l'a rendu allergique aux cafards, que le cinéaste, l'obscur J.T. Petty, utilisera pour signaler, sur la fin, l'apparition des rares monstres qu'on y trouvera.
C'est son principal défaut : sans budget, Mimic 3 part dans une toute autre direction que les autres films de la franchise en se structurant comme un pauvre remake de Fenêtre sur cour, quelques cafards pas trop dégueulasses en plus (ils sont légèrement mieux filmés que ceux du second épisode). Abandonnant les métros de l'original, son action se déroule en huis-clos dans un appartement, duquel notre héros à tendance autistique observe ses voisins et les badauds, nous présentant des scènes d'horreur dissimulées par le faible éclairage d'une photographie qui dissimule sans grande discrétion son évident manque de moyens.
Ainsi, les dialogues s'accumulent autant qu'il faudra attendre environ une heure pour voir ce que l'on réclamait, un affrontement entre gentils et monstres, que le réalisateur monte comme il peut, sans être jamais crédible. Au moins aura-t-il l'imagination de prévoir le frigo qui sauve d'une explosion, s'installant dans la même logique de réalisme qu'Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal.
Heureusement pour lui, sa propension à se montrer bavard est quelque peu rattrapée par sa réalisation, qu'on sent un minimum travaillée; en ressortent quelques plans pas trop moches, en plus d'une gestion des décors et des intérieurs plutôt maîtrisée, qui démontre un certain savoir-faire venant de son réalisateur. Il nous permet de nous occuper face à l'ennui de ses dialogues (pas des plus intelligents, précisons le), d'avoir au moins quelque chose à observer pour ne pas avoir à toujours consulter l'heure sur notre portable.
Mais on n'oublie qu'il passe complètement à côté de son propos, et que pour cacher son manque de moyens (ce que le second épisode n'avait pas cherché à faire), Mimic : Sentinel tente une autre vision de narrer la franchise, purement calquée sur le fameux Hitchcock, sans son génie ou son imagination. C'est donc très plat, sans autre intérêt que quelques uns de ses plans, et l'ennui serait affreux si l'on n'avait pas le spectacle hilarant de voir Karl Geary surjouer les autistes, et s'y croire comme jamais. Presque mauvais au point d'en devenir intéressant.