Minari ne manque pas de potentiel et aurait pu donner la trame d'un western, si l'action avait été transposée un siècle plus tôt. Cette chronique d'une famille coréenne immigrée, venue se frotter au rêve américain et censée fourmiller d'émotions est pourtant globalement assez fade, dans la répétition des jours où ledit rêve pourrait bien devenir un cauchemar et faire imploser un couple qui ne partage pas nécessairement les mêmes objectifs. Modeste en tout point, le film de Lee Isaac Chung surprend, et non et bien, par un manque d'intensité et une accumulation d'anecdotes qui n'impriment pas un véritable rythme. Oui, les enfants sont charmants, mais le réalisateur n'est pas Ozu, et la grand-mère est amusante mais cela ne crée pas de grands enjeux. Par ailleurs, certaines scènes n'ont qu'une une utilité très relatives comme celles ayant trait à la religion. On voit bien quel est le but de ce récit impressionniste, qui se refuse à des facilités dramatiques, mais, sans qu'il y ait de véritable ennui, le risque est d'éprouver peu d'intérêt devant un film aussi peu dense et dont la tonalité ne change quasiment jamais. Cela en devient presque aussi peu excitant que le travail exercé par le couple de coréens, à savoir trier les poussins selon leur sexe, et bien moins épicé que la cuisine du pays du matin calme. Les Golden Globes ont récompensé Minari dans la catégorie Meilleur film en langue étrangère, alors qu'il s'agit d'un film très américain (bien plus que coréen), le paradoxe en est-il vraiment un ?

Cinephile-doux
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2021

Créée

le 2 mars 2021

Critique lue 3.4K fois

19 j'aime

3 commentaires

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 3.4K fois

19
3

D'autres avis sur Minari

Minari
Cinephile-doux
5

Le sexe des poussins

Minari ne manque pas de potentiel et aurait pu donner la trame d'un western, si l'action avait été transposée un siècle plus tôt. Cette chronique d'une famille coréenne immigrée, venue se frotter au...

le 2 mars 2021

19 j'aime

3

Minari
RomainGlbt
6

Critique de Minari par Romain Glbt

Le sujet est précieux : une famille américano-coréenne décide de s’installer dans une petite ferme de l’Arkansas pour vivre leur "rêve américain". Comme l'écrit le synopsis, on y trouve la belle...

le 5 févr. 2021

12 j'aime

3

Minari
ilaose
7

Souvenirs d'enfance...

Il y a de quoi craindre le pire à la vue de cette affiche baveuse et de l'étiquetage Sundance, où le film a tout raflé l'an passé, si bien mis en évidence. Mais, ragaillardi par mes dernières...

le 24 juin 2021

11 j'aime

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

72 j'aime

13