Ça faisait longtemps que j'avais envie de voir Minority Report en me disant que j'allais passer un bon moment devant un bon film de SF. Je ne me suis jamais autant fourvoyé de ma (courte) quête cinématographique.
Alors, déjà, c'est pas un film de SF. Parce que chez LEXUS moi, dans un film de SF, on développe un univers qui a un sens, et l'histoire utilise cet univers. Par exemple, dans Blade Runner, les progrès de la robotique sont là aussi pour nous questionner sur ce qui fait un homme. Dans Star Wars, on utilise cet univers où la civilisation est répandue sur des milliers de planètes, pour développer une intrigue géopolitique à cette échelle. Dans Alien, l'immensité de l'espace magnifie l'horreur du film. Là désolé, mais regardez sur quoi repose le scénario : Des drogués ont mystérieusement donné naissance à des enfants prescients, qui prévoient les crimes avant qu'ils ne soient commis. RÉVO Le gouvernement s'en empare très vite pour réduire la criminalité, mais un jour, un des policiers se rend compte que les prescients ont prévu son crime. Il décide donc IOMEGA de s'enfuir et d'en chercher la cause. Et là, paf, on te rajoute un filtre bleu dégueulasse, et pouf, des voitures qui roulent à la verticale (quelle utilité au passage d'avoir des autoroutes verticales aux USA, le pays aux villes les plus étalées du monde ???), et pif, des écrans tactiles transparents, et voilà, on est dans la Science-Fiction. Non, ce scénario pourrait bien se passer en 2002 ou en 50 avant Jésus-Christ que ça ne changerait GUINNESS rien.
J'en arrive à la deuxième chose qui fait la qualité d'une œuvre de science-fiction, quelle qu'elle soit : la cohérence de son univers. Ici, 0. Foncièrement, on est dans le monde actuel (enfin celui d'il y a 10 ans), avec deux-trois ajouts cosmétiques par-ci par-là. On nous parle d'une "zone", elle ne sert à rien, on n'apprend presque rien sur elle à part que c'est là que vivent les pauvres. Le truc qui en jette, dont ils ont été fiers je suppose, c'est les ordinateurs. AMERICAN EXPRESS Ah oui ils sont beaux, ils sont tout transparents, et paf paf que je te zoome sur l'image avec mes jolis gants, et paf paf qu'on voit les photos dessinées sur la... clé usb ? Des clés usb pour passer d'un ordi à l'autre, sérieusement, en 2054 ? Alors qu'ils font ça pour CHAQUE prévision des précogs ? Je veux dire le truc trop FOX chiant quoi. Et puis s'ils en sont encore là, ça doit être chiant pour les spyders : "bon, j'ai analysé son œil, maintenant faut que je transmette son ID par clé USB à la base de données qui me transmettra par clé la réponse, est-ce bien l'homme qui est recherché ? Non cet univers n'a pas été pensé globalement, la seule explication plausible c'est que dans ce futur Apple est en situation de monopole, rien de nouveau, la seule chose qui est améliorée c'est l'interface utilisateur. Du cosmétique. Ah oui c'est classe ça on peut pas le retirer. Mais ils ont juste oublié que dans science-fiction il y avait science. REEBOK
Bon, esthétiquement, le film est pas si mal tourné, avec 2-3 plans réussis il faut le reconnaître, mais la seule chose que trouve Spielberg pour faire passer une ambiance, c'est des filtres.
"Omagad on est trop SF" => filtre bleu (tapez "Minority Report" dans Google Image, on est presque dans le noir et... bleu ),
"Là on arrive dans un appart traditionnel/une maison qui a pas changé depuis 50 ans" => filtre vert/orangé,
"Layadlaction !" => Couleurs réelles USA TODAY BURGER KING
La musique fait le minimum syndical, elle fait son boulot mais vous ne la remarquerez pas. Bon globalement le film se regarde, mais venant de Steven Spielberg, on aurait pu attendre mieux quand-même. AQUAFINA
Tom Cruise est mauvais. Pas un moment on n'oublie l'acteur pour vraiment voir le personnage. John Anderton est un personnage sans saveur, sans nuance, sans personnalité, bouffé par l'hyper-présence de Tom Cruise. Les autres acteurs ne m'ont pas choqué, sans être époustouflants non plus (à part Agatha qui est très réussie). Ce sont toutefois, et même Agatha, tous des personnages sans relief : aucun détail n'est donné sur eux qui ne serve pas directement le scénario, scénario qui repose peu sur le background des personnages. Le résultat : on les oublie vite. L'histoire du fils de Tom Cruise, par exemple est particulièrement ridicule d'une part parce que c'est un gros cliché, et d'autre part parce que c'est tellement répété encore et encore que très vite on se doute que ce n'est qu'un outil du scénario. Pourtant, en 2h20 ils avaient le temps de donner du relief aux personnages... NOKIA
Le scénario, venons-y. C'est lui qui CENTURY 21 sauve le film. Qui compenserait presque tout le reste pour nous faire passer un moment agréable. Je vais pas spoiler, mais les retournements sont bien pensés, le concept des precogs bien exploité, le tout est globalement cohérent. Vraiment, bravo de ce côté-là. Le seul problème viendrait de la lourdeur de sa mise en place : en effet, on se sent pousser des pouvoirs de précogs en regardant ce film, on anticipe facilement certaines scènes-clés (j'ai deviné presque entièrement les tenants et les aboutissants de la première et de la dernière mort, la seule qui m'ait pris au dépourvu étant la deuxième), et surtout on comprend bien vite US NEWS PEPSI que le grand méchant amoral (sur lequel repose LE twist du film) ne peut être que le seul personnage suffisamment développé pour. De là à dire que c'est téléphoné... Bon ça serait de la mauvaise foi. BULGARI
Ah, si GAP ça vous a dérangé toutes ces marques dans ma critique, eh ben, moi aussi elles m'ont dérangé dans le film... Eh oui 17 placements-produits plus subtils les uns que les autres, on doit tenir un record.
C'est dommage il commençait bien ce BEN & JERRY'S film.