Surnageant un peu dans mon souvenir parmi les dernières bouses Spielbergiennes, Minority Report avait en fait, je m’en rends compte maintenant, beaucoup bénéficié des très agréables (et très floues) condition de visionnage, dans une maison inconnue et une ville qui ne l’était pas moins… J’imagine aussi que c’est tellement effrayant de voir Spielberg faire tourner Cruise dans un gros machin de S-F que le film a profité d’un effet de surprise en étant moins mauvais que prévu…
Pourtant, en revoyant hier cette chose grisâtre à la photographie saturée souvent pénible, je suis obligé d’avouer qu’en fait, je devais juste être bourré comme un cochon la première fois que j’ai vu ça pour l’avoir trouvé supportable.
Tout d’abord, regrettons que Cruise soit égal à lui-même, c'est-à-dire toujours incapable de poser, voire d’imposer son corps devant une caméra, bougeant affreusement mal et ne rattrapant bien sûr rien par son habituel jeu monolithique.
Pour le reste, c’est amusant de voir à quel point Spielberg ne fait rien de son histoire. Je ne vous parle pas d’un point de vue intellectuel, ou philosophique, tellement le sujet n’est même pas abordé ici, non, je parle de l’histoire, ce machin que normalement tonton Spielberg arrive à faire passer… Ce qui est marrant aussi, c'est de voir qu'il ne maitrise plus ses bases, il ne fait rien du cinemascope par exemple...
Je ne sais pas si le pire c’est d’accumuler les scènes de poursuites sans âme ou de gâcher systématiquement toute possibilité de faire quelque chose de ce monde futuriste. Des voitures qui roulent à la verticale, ça ne suffit pas à créer une atmosphère, surtout qu’en presque deux heures et demi, c’était pas le temps qui manquait... Je crois que le plus triste, c’est pendant la descente de flic dans les quartiers chauds, avec les araignées. Dans une ville de centaines de milliers d’habitants, résumer la traque à visiter un immeuble de vingt-cinq personnes (dont le traqué, bien sûr), déjà, c’est grotesque, mais si en plus les habiles techniques de camouflage du héros ne servent à rien et que tout s’arrange quand même pour le mieux, on se demande si tout cela en valait la peine…
Bon, je ne vais revenir sur la lourdeur de l’histoire du gosse, c’est tellement mauvais que ça donne envie de pleurer… Et on se demande même comment avec un rôle aussi mal écrit, Colin Farrell a bien pu faire pour piquer la vedette à Tom ( ce dernier est d’ailleurs un habitué de la chose, il s’était déjà fait bouffer par Brad Pitt dans une abominable histoire de vampires plus tôt dans sa carrière…).
Finalement la seule fois où on utilise un peu les possibilités du scénario, c’est dans le centre commercial, avec les ballons, un de mes seuls souvenirs du film d’ailleurs… Ca ne va pas suffire.