Minuit à Paris par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Gil et Inez, sur le point de se passer la bague au doigt, arrivent des Etats-unis en compagnie des parents de la jeune fille pour un court séjour à Paris. Inez et ses parents fortunés, républicains endurcis, ont un esprit de luxe assez exacerbé et de plus ont bien du mal à se "faire" à Paris. Ils n'ont qu'une hâte, retrouver leur chère nation. Gil est tout le contraire de sa future famille. Il faut dire qu'il est plutôt un rêveur un peu bohème. Le jeune homme exerce le métier de scénariste et ne semble pas se sentir bien dans sa peau, son ambition étant plutôt de devenir écrivain. Au gré de leurs sorties ils vont faire la rencontre de Paul, un ancien copain d'études de Inez, accompagné de son épouse. Cet ancien camarade prétentieux et insupportable vient justement faire une conférence à la Sorbonne. Gil, ne supportant plus la présence de cet empêcheur de tourner en rond qui prend une suprématie sur tout le monde, décide de "s'évader" quelque peu de cette ambiance infernale. Amoureux de Paris, même lorsqu'il pleut, et rêvant de s'y installer, notre jeune scénariste se promène alors seul afin de chercher l'inspiration pour son roman. Au cours de ses virée nocturnes des évènements bizarres se produisent, des fêtards dans une vieille voiture luxueuse vont le faire monter à bord aux douze coups de minuit. L'aventure va se répéter à la même heure chaque nuit.


C'est à n'y rien comprendre pour Gil, mal embarqué entre une femme capricieuse, volage et snobe et des futurs beaux-parents presque pires, bourgeois à l'extrême et orientés "Tea Party". Déjà Gil n'est pas à son aise dans ce palace parisien où il cohabite tant bien que mal avec cette famille et notamment avec le futur beau père allant jusqu'à le traiter de "communiste". Le climat se dégrade de plus en plus au sein du futur couple et la présence de ce fameux Paul ne semble pas apaiser les choses, bien au contraire. Notre jeune amoureux de Paris va alors organiser sa vie autour de son futur roman. Il rêve à toute cette période des années 1920 où artistes de toutes natures foisonnaient dans cette capitale bouillonnante de beauté et de création. Il va jusqu'à rêver l'impossible: s'identifier à Ernest Hemingway notamment.
Les douze coups de minuit retentissent des tours de Notre-Dame et c'est à ce moment que Gil se laisse tenter par ce joyeux petit monde. Il monte à bord de la vieille et belle voiture, direction les soirées des années 1920. Gil est dans un rêve car au détour de ces soirées répétées il va se retrouver tout ému face à Ernest Hemingway, le boxeur écrivain qui lui conseille de faire lire son futur roman par Gertrude Stein, une experte en la matière. Les relations vont se succéder pour le jeune américain amoureux fou de Paris. Il va faire la connaissance de la toute charmante et séduisante Adriana, amante de Modigliani. Les soirées festives vont le propulser vers d'autres personnalités: Dali, Bunuel, Picasso. Le rêve n'est pas terminé pour Gil. Un soir ce n'est plus la voiture mais un attelage de chevaux qui l'attend. Il se fait aspirer par Adriana et reprend "le toboggan" qui va le faire "rajeunir" de quelques années. Nous passons de 1920 à la toute fin du XIX ème siècle et ses french cancans endiablés. Quel honneur alors de rencontrer Messieurs Toulouse-Lautrec, Gauguin et *Dega***s. Reste à savoir à quelle époque se situe "l'âge d'or" dans l'esprit de ***Gil*. Et dire que les parents de Inez ont décidé de faire suivre le futur marié par un détective pour tenter de connaître ses occupations nocturnes...


Le moins que l'on puisse penser, c'est que cette nouvelle œuvre de Woody Allen est un vibrant témoignage d'un amoureux de Paris. Le film débute par des vues très colorées de la capitale afin de bien situer le sujet et nous faire découvrir tous les charmes de l'endroit. A partir de ce moment on sent que le réalisateur possède un parti pris en défaveur de l'Amérique. On ressent également sa prise de position par rapport aux "Républicains Tee Party" qui se montrent de plus en plus détestables et intolérants avec leurs mœurs de grands bourgeois exigeants. Nous sommes dans cette partie du film où tout est très habituel chez Woody Allen. Puis tout à coup nous voici propulsés dans un genre de rêve temporel. Le Paris actuel se transforme la nuit en une véritable parade d'un autre siècle, un siècle où la vie peu exaltante de Gil va se transformer en plaisir, en amour, en échanges et en rencontres culturelles d'une richesse infinie. Doit-on vraiment chercher à comprendre, à analyser ce conte aussi surprenant que celui de "Cendrillon"? Je ne le pense pas. Laissons-nous transporter dans cet univers flamboyant, dans cette féérie en rencontrant comme Gil des personnages qui nous font encore rêver et que nous sommes heureux de retrouver.
Woody Allen s'est entouré de comédiens absolument remarquables. Gil, interprété par Owen Wilson, tient son rôle très énigmatique avec un talent fou, talent dont ne manque pas non plus Rachel McAdams, sa bien capricieuse et prétentieuse promise Inez. Marion Cotillard,Adriana, guidant durant les nuits le jeune américain à travers les époques, est éblouissante de beauté et de naturel. Si vous désirez tout savoir sur la théorie de l'entretien entre "Le Christ et le rhinocéros", faites confiance à Adrien Brody qui nous incarne un Dali bientôt plus vrai que nature. Corey Stoll campe le grand Ernest Hemingway et sa froideur légendaire avec beaucoup de talent également. Je ne peux vous énumérer les noms de tous ces comédiens qui se sont mis dans la peau des personnages, célèbres ou non, rencontrés au cours de cette étrange aventure mais sachez que leur interprétation est merveilleuse et touchante pour certains.


Ce film avait fait l'ouverture du "Festival de Cannes en 2011" et l'accueil fut excellent. Pour ma part j'ai passé un moment de bonheur, de rêve et de détente extraordinaire. A déguster cette œuvre je peux juger que Monsieur Woody Allen est encore un jeune homme jouissant d'un talent extraordinaire et d'une imagination sans borne. Alors ne vous privez pas, laissez-vous emporter par ce tourbillon de bonheur.

Créée

le 6 mai 2014

Modifiée

le 1 mai 2014

Critique lue 2.7K fois

50 j'aime

25 commentaires

Critique lue 2.7K fois

50
25

D'autres avis sur Minuit à Paris

Minuit à Paris
Aurea
6

Paris ne vaut pas qu'une messe!

Oui, les cinq premières minutes sur la musique de Sidney Bechet sont enchanteresses et le beau Paris, celui de l'argent et du luxe superbement filmé, mais Owen Wilson, calque parfait du cinéaste,...

le 14 août 2011

62 j'aime

42

Minuit à Paris
Docteur_Jivago
7

♪♫ Et Paris qui bat la mesure ♪♫

C'est au cœur d'un Paris romantique que nous entraîne Woody Allen avec son quarante-deuxième film Minuit à Paris. Ambitieux, il nous fait suivre un jeune couple américain qui se rend dans la capitale...

le 27 août 2015

58 j'aime

33

Minuit à Paris
Grard-Rocher
8

Critique de Minuit à Paris par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Gil et Inez, sur le point de se passer la bague au doigt, arrivent des Etats-unis en compagnie des parents de la jeune fille pour un court séjour à Paris. Inez et ses parents fortunés, républicains...

50 j'aime

25

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

178 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

172 j'aime

37

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

159 j'aime

47