Oriol Paulo respecte son cahier des charges sans pression pour Durante la Tormenta, et semble gérer parfaitement les paradoxes temporels.
Malgré quelques défauts d'exécution un peu amateurs (certains plans mouvementés ratés, quelques accrocs dans le mixage sonore et dans le découpage...) la narration demeure limpide, et les énigmes posées ça et là trouvent toutes leur résolution. On peut vraiment saluer la justesse du réalisateur et scénariste à ce niveau. En effet, malgré un script complexe et très dense, Paulo ne se perd jamais dans son montage et arrive à nous captiver du début à la fin. Même si certains twists ne surprennent pas vraiment, le soin apporté à la partie science-fiction est remarquable. Nous nous retrouvons avec une double, voire triple histoire qui peu à peu se recoupe afin de nous emmener vers les révélations finales.
Niveau ambiance, nous avons le droit à un mélange proche de Cronenberg, Fincher ou encore Aronofsky ; tout en sobriété, ce qui n'est pas désagréable.
Pour le casting, ce n'est pas toujours exceptionnel mais nous nous attachons facilement aux personnages, qui ont tous été correctement écrits et développés. Le réalisateur est tellement pointu sur la caractérisation des protagonistes, que son oeuvre prend parfois des airs de film chorale. L'actrice principale, la très jolie Adriana Ugarte nous convainc par son jeu réaliste et son implication dans le rôle.
Durante la Tormenta est donc un thriller teinté de mystères, à la science-fiction minimaliste mais ô combien présente et dans l'ensemble excellemment raconté... Chaque porte ouverte par le réalisateur est consciencieusement refermée, et il ne perd jamais de vue la cohérence de son récit, malgré sa complexité. On regrettera seulement un final légèrement capilotracté, mais tout de même logique. Si les espagnols n'ont pas encore la hargne des coréens et la maîtrise des américains dans le domaine, ils peuvent largement rivaliser avec leurs scénarii, leurs ambiances et leur clarté visuelle.