Il a réussi encore une fois.
Je n'en attendais pas moins de mon ami Mamoru Hosoda.
Encore une fois, il m'a émerveillé, attendri, fait sourire et renouer avec mes sentiments les plus enfouis. Ne croyez donc pas les esprits chagrins, ceux qui hurleront au niais et au nunuche. Ils ne manqueront sans doute pas lors de la sortie nationale...
Cette avant-première, merci le Arras Film Festival, m'a pour ma part conforté dans mon idée que Hosoda avait tout bon. Oui, Miraï, Ma Petite Soeur, apparaîtra à beaucoup comme son film le plus simple, le plus gentillet, le plus dépouillé. Oui, peut être.
Sauf que l'oeuvre sera aussi la plus épurée de la filmographie du bonhomme, tout en s'imposant, comme si de rien n'était, comme un film somme de ses obsessions thématiques concernant la famille, de ses procédés scénaristiques tordant avec malice le temps et l'espace, et riches de clins d'oeil à des films tels que Summer Wars, Les Enfants Loups : Ame et Yuki ou encore, de manière surprenante, Le Garçon et la Bête.
Miraï se présente d'abord comme un quasi huis-clos, celui d'une maison d'architecte atypique où évolue une famille japonaise identique à tant d'autres, au sein de laquelle se posent tant la question du poids des traditions que celles de la place de chacun, parents en tête, et de leur caractère parfois volcanique. Et ce sont tous ces petits instantanés minuscules de la vie quotidienne, prolongeant des séquences entières de Summer Wars ou de Ame et Yuki, qui sont mis en scène et célébrés.
Tout comme Mamoru Hosoda réussit à capturer chaque instant de la vie d'un jeune enfant pour mieux les immortaliser sur la pellicule et dans notre (sa ?) mémoire, de peur qu'ils ne s'effacent à jamais. Ce sont ainsi chaque sentiment contraire, chaque jalousie, chaque progrès, chaque colère de Kun qui animent littéralement Miraï, Ma Petite Soeur, au delà même de l'argument fantastique et / onirique cher au réalisateur. Celui qui fera faire rencontrer à son jeune héros des projections de certains membres de sa famille, dans une relecture évidente du Chant de Noël Dickensien où Scrooge aurait régressé à l'âge d'enfance.
Tout cela autour d'un seul arbre, planté dans un jardin d'hiver au toit vitré, ces quelques mètres carrés de verdure, fantasmé dans son aspect luxuriant et sans limite, en guise d'échappatoire aux frustrations enfantines et de fenêtre ouverte sur son intime. Kun, entre facéties drôlatiques et séquences plus sombres, y apprendra, petit à petit, à grandir et à découvrir des facettes de sa famille qui lui étaient jusqu'ici inconnues.
Et l'on y mesure à quel point l'idée de transmission générationnelle et, tout simplement, le temps qui passe, deviennent à leur tour des obsessions de Mamoru Hosoda. Un temps qui garnit les albums photos avec des images de nos chers disparus et de nous mêmes, pas tout à fait les identiques, ni tout à fait autres.
Et l'on comprend tout d'un coup pourquoi Hosoda met en avant cette poésie du quotidien, tous ces menus moments légers, ceux qui semblent a priori anodins et répétitifs mais qui forgent une cellule familiale, la sienne sans doute, dans un film des plus personnels, attendrissants et attachants.
Miraï, Ma Petite Soeur, pour aussi ingénu qu'il soit, prolonge tout simplement le charme et la simplicité d'Hosoda et de son univers tout à la fois fantasque et merveilleux.Partant d'infimes éléments de l'existence, de sentiments d'invasion égoïstes, de crises minuscules et dérisoires, pour les porter vers l'universel, il ne s'agit pas du seul Kun, mais de chacun d'entre nous, qui jouissons de l'amour et de l'attention avant que l'on ne s'en croit dépossédé. Dans un cycle qui se répète.
Le tout dans une variété de sentiments et d'influences, allant du burlesque à la mélancolie, de l'inquiétant au bizarre, le temps de monter dans un train aux allures biomécaniques Gigeriennes.
Miraï, ma Petite Soeur est, tout simplement, une histoire de vie universelle.
Behind_the_Mask, en plein retour en enfance.