Miranda Sex Garden
Voici un film qui nous vient d'Italie, par le réalisateur du célèbre et sulfureux « Caligula ». Sur fond de Guerre mondiale, « Miranda » nous conte les aventures coquines et dramatiques...
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le 6 mars 2011
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Cela fait un sacré bout de temps que je n'avais pas vu un film de Tinto Brass. Je n'avais pas pour ce réalisateur une appétence particulière. D'ailleurs, je me demande si j'avais de quoi en nourrir une car je n'ai de souvenir que de son "Caligula". Ça fait léger pour soi-disant "connaître" un cinéaste. Léger n'est sans doute pas le terme le plus adéquat pour évoquer "Caligula". Passons. Ce "Miranda" est très différent, si tant est que Caligula s'affiche clairement dans ma mémoire.
En tout cas, Miranda est un film volontiers festif, joyeux, plutôt gai, même si certains passages se laissent un peu déborder par de la tristesse, de l'inquiétude ou un malaise face aux aléas de l'existence.
Le film est avant tout une ode à la féminité, la sensualité. Miranda est pleine de vie, de force. Elle mène sa vie comme elle l'entend. Elle décide de tout. Jamais elle n'est esclave d'être l'objet des désirs masculins. Au contraire, elle en dirige la manœuvre avec constance et fermeté. Par n'importe quel bout qu'on prend son personnage, on ne peut que la décrire comme une femme libre. Ah, peut-être est-elle encore un peu liée par l'amour qu'elle porte à son époux disparu à la guerre? Même après s'être une nouvelle fois mariée, à la sortie de l'église, juste avant de partir convoler, elle tient à aller poser une fleur sur le monument aux morts où le nom de son mari apparaît. Mais ces liens avec les hommes qu'elle aime, qu'elle désire ne l'entravent jamais. C'est sûrement en cela qu'elle apparaît comme une femme forte, comme une matrone.
Miranda est pulpeuse, poilue, fessue, mammaire. Cette protubérance multiple façonne un personnage somme toute attachant. On peut comprendre que les hommes qui lui tournent autour soient plus ou moins attachés à elle, à vouloir son bonheur, et peut-être en quête d'une petite part de cette confiance en soi, de son optimisme, de sa joie de vivre qui n'a pas beaucoup de frontières.
S'appuyant sur une pièce de Goldoni, Tinto Brass a dessiné là un portrait de femme assez remarquable pour en fin de compte un film essentiellement érotique. Si certains moments du scénario semblent se détacher un peu trop du reste du film, comme des scénettes indépendantes et dispensables (pas seulement dans l'érotisme d'ailleurs), dans l'ensemble cette histoire retrace un instant de vie singulier et si l'on ne peut sans doute pas parler de "poésie" sans risquer de galvauder le terme, au moins peut-on souligner le soin pris à raconter une histoire avant même de montrer de la chatte et du mamelon.
Ce dont Tinto Brass ne se prive pas de faire par ailleurs, c'est le moins que l'on puisse dire. Force est de constater que Brass aime le poil, la chair, les phéromones, les parfums de sexe. A l'image de l'érotisme du XIXe siècle qui s'est largement prolongé dans l'imaginaire méditerranéen jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, les femmes ne se rasent pas. Les seins débordent, les corps sont généreux.
A ce propos, on peut se demander ce qu'aurait pu donner le physique moins opulent de Stefania Sandrelli à qui le rôle a été d'abord proposé après le beau succès de "La clé" et qui n'a pas été retenue compte tenu de ses prétentions financières exorbitantes.
Serena Grandi est plus imposante. Son physique à la Sophia Loren (toutes propositions gardées évidemment) est impressionnant et finalement se marie bien avec l'idée que l'on peut se faire de cette patronne d'auberge sur les bords du Po. Quand je la compare à Sophia Loren, entendons nous bien : cette comparaison est plus que périlleuse. Serena Grandi ne lui arrive pas à la cheville. Je voulais parler de générosité populacière. Mais il lui manque ce charme irradiant, cette flamme dans les yeux et cette subtilité de jeu qui en émeut encore plus d'un en pensant à la Loren (avec mes gros sabots, certo!).
Serena Grandi n'est pas mauvaise, mais elle ne produit pas non plus d'étincelle. Elle correspond bien à son personnage. C'est tout et c'est déjà pas mal. Je pense cependant que Stefania Sandrelli aurait offert au spectateur une plus-value non négligeable. En voilà une autre qui savait jouer!
Ce qui relève encore un peu le film, c'est sûrement le soin avec lequel le cinéaste a élaboré la forme du film. Que ce soit le travail sur le cadre qui offre de nombreuses formules, certes pas non plus originales mais très variées ; que ce soit la photographie de Silvano Ippoliti jouant énormément sur les couleurs, les variations de lumières saisonnières ; que ce soit sur les décors et les costumes qui présentent une reconstitution historique honnête, en tout cas crédible même si parfois pittoresque, il est difficile de nier à cette production la prétention d'afficher une qualité formelle intéressante.
En somme, s'il fallait résumer, je pourrais dire que ce film érotique ne paye pas de mine, mais néanmoins fait bonne figure, un film moyen bricolé avec amour et nostalgie. Il ne renverse pas les montagnes, loin de là, mais se laisse regarder avec plaisir et peut prêter à sourire parfois par sa surprenante candeur.
http://alligatographe.blogspot.fr/2015/10/miranda-brass-grandi-goldoni.html
Créée
le 12 oct. 2015
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