J'aime énormément les films qui, une fois qu'on termine de les visionner, nous font réfléchir la nuit d'après. Mise à mort du cerf sacré en fait partie.
J'adore énormément tout l'aspect tragédie antique du film. De plus, c'est réellement un film auquel on peut trouver de nombreuses interprétations possibles. Le malaise est présent et s'accentue de plus en plus au fil des minutes. Cet adolescent mystérieux fait peur et on se demande comment personne de peut s'en rendre compte dès le début. Il est comme un espriti vengeur, tout droit sorti de l'enfer. Comme le chirurgien qui a "tué" son père, le jeune homme a le pouvoir "d'anesthésier" les enfants de cet homme. Il peut tout contrôler : les rendre paralysés, les faire saigner des yeux, etc. Tout le long on se demande comment il fait. Cela pourrait être l'œuvre d'un empoisonnement, avec les cadeaux donnés au début du film. Un cadeau qui semble tout de suite hypnotiser la jeune fille. Mais est-il aussi possible que cet adolescent ait des pouvoirs ? Des pouvoirs nés d'un deuil immense et présent en permanence, comme si les forces célestes voulaient la vengeance. De plus, il y a souvent des plans filmés par le haut - qui rappellent Kubrick -, on pourrait presque imaginer que l'esprit du père du jeune homme est présent et attend de voir si son fils va accomplir la phase finale : la vengeance.
Mais le personnage du chirurgien est très intéressant également. Et s'il avait choisi son fils pour mourir dès le début ? En effet, ce dernier semble être bien distant de son fils, allant même jusqu'à le forcer à manger, au lieu de s'en prendre à la source du problème. De plus, pendant tout le film, on sait pertinemment que c'est


lui qui va mourir. En effet, c'est lui qui a les premiers symptômes avec les jambes paralysées. Mais de surcroit, c'est lui qui a toutes les peines. Il ne mange plus et il saigne des yeux. Pour au final être celui qui meurt. Oui, je ne crois pas au fait que le père ait véritablement tiré au hasard. Très clairement, en tournant de la manière dont il le fait, il est totalement conscient de l'endroit où se trouvent les différents membres de sa famille. Et, bizarrement, il loupe sa femme et sa fille. Sa femme, qui d'ailleurs, ne présente aucun des symptômes.


Mais il est également intéressant de préciser que le jeune adolescent présente les caractéristiques d'un dieu ou d'une icône. Kidman lui baise les pieds et les personnages obéissent à ses ordres, mêmes les plus étranges. Souvent, il ne semble pas réel et est présent sans vraiment l'être. On se sent parfois observé même quand il n'est pas là, comme si les personnages, même en son absence , ne pouvaient pas se permettre de vivre normalement. On distingue également une absence presque totale de sourires pendant le film. Comme dans une tragédie antique, la famille sait que la situation finale sera fatale et qu'il sera impossible de se débarrasser de ce garçon.
C'est un film passionnant qui, avec une grande simplicité photographique, arrive à faire peur. Le réalisateur a réussi à créer une impression de monde céleste au bord de l'explosion, de fatalité.
Comme dit, il y a de nombreuses manières d'interpréter ce long métrage.

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le 14 oct. 2020

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Emmie-Kenza

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