En 2002, le cinéaste iranien Amir Naderi rencontre à son domicile le réalisateur Arthur Penn, pour parler pêle-mêle de sa vie, de sa carrière, et plus particulièrement de Bonnie & Clyde, Little Big Man, Le gaucher ou encore Mickey One.


Il faut saluer l'initiative de l'éditeur Rimini qui propose en exclusivité mondiale un tel documentaire sur un réalisateur au fond méconnu. De plus, ce documentaire ne fut diffusé que dans divers festivals dans une version de 3h34, mais des recherches effectuées par l'assistant de Naderi ont permis de retrouver plusieurs heures de rushes qu'on pensait perdues, et le résultat donne un entretien de 6 heures, avec une introduction du réalisateur revenant sur le contexte de la rencontre avec Arthur Penn, décédé en 2010.


La forme a de quoi décourager, car il s'agit d'entretiens réalisés de manière brute, avec des pauses pour changer de cassettes, Arthur Penn qui fait une pause pour répondre au téléphone, aller aux toilettes ou se moucher. Le tout avec un dialogue entre Penn et Naderi, à l'accent parfois prononcé, qui est comme un dialogue, donc qui peut partir dans tous les sens. Le tout avec une image de 2002 où seul le visage d'Arthur Penn est en gros plan, sans extrait, ni visuel, c'est très épuré. Au point que j'ai dû voir le documentaire sur une semaine.


Mais malgré ça, et les griefs sont nombreux, il en résulte un dialogue passionnant entre deux réalisateurs, qui parlent de cinéma, avec Naderi qui connait très bien l’œuvre de Penn, en particulier Bonnie & Clyde. Celui-ci revient sans détour sur son enfance, son passage durant la guerre, son travail à la radio, en tant que réalisateur pour des émissions de télévision, et jusqu'à ses débuts compliqués avec Le gaucher, très bon film, mais dont la Warner en a repris le montage. Arthur Penn a sans cesse voyagé entre les pièces de théatre et le cinéma, ce qui explique qu'il a réalisé peu de films, mais on note un amour pour les acteurs, pour l’œuvre des autres, avec de très jolis mots sur Nicholas Ray, Sidney Lumet ou Joseph Mankiewicz, et au final, malgré son caractère décousu, ça ressemble à une discussion entre deux amis qui parlent cinéma. Et une profonde tendresse pour l'un et l'autre, notamment quand Penn est content d'être interviewé par une personne qui connait aussi bien son cinéma, et que Amir Naderi passe pour la seule fois devant la caméra, dans les dernières secondes du documentaire, afin que le réalisateur américain le serre dans ses bras. Il devait y avoir d'autres rendez-vous, mais ce sera finalement la conclusion de ce documentaire, qui m'aura permis de connaitre davantage ce formidable réalisateur qui a donné tant de grands films mais qui s'est toujours caché derrière son oeuvre.

Boubakar
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le 18 mai 2022

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