Bon Dieu, quelle partition de la part d'Alain Guiraudie! Miséricorde est une formidable comédie noire qui joue habilement sur plusieurs registres. Le long-métrage suit le retour en pays Occitan de Jérémie, un « rabalaïre », venu assister à l'enterrement de son ancien patron, il est hébergé chez la mère d'un ami d'enfance. Dans ce ménage à trois viennent s'ajouter le curé du village et un voisin. La tension monte progressivement et cette arrivée réveille brutalement chez chacun de vieux désirs enfouis. On retrouve toute la singularité et la verve des premiers films du réalisateur qui a su créer sa propre langue. Quelque part entre Bruno Dumont et Paul Vecchiali. Le cinéaste se moque aisément du sacré et du profane, aborde le sexe et la mort de manière totalement décomplexée. Par la dérision, il ausculte les grands maux de notre temps (conflits, religions), raillant conventions et bien-pensance. Miséricorde est un film inquiet et jubilatoire où triomphe l'amour des hommes. Dans le patois d'Alain Guiraudie, la bite ne fait le moine.