Miséricorde
7.1
Miséricorde

Film de Alain Guiraudie (2024)

J’irai dormir chez vous (et le curé)

Sans aucune connaissance du cinéma de Guiraudie, et sur la seule foi de la bande annonce, je m’attendais à une comédie absurde à la Bruno Dumont… pour finalement me retrouver avec un film déconcertant, à la fois totalement barré (voire carrément cringe par moments) et bizarrement – probablement faussement – sérieux dans son exécution.


Mon problème principal avec ce film réside dans son manque de "fantasie" et d’absurdité visuelle, qui tranche grossièrement avec le propos beaucoup plus léger et farcesque du récit. Si Guiraudie dépeint parfaitement le monde de la ruralité, avec ses paysages, ses villages, ses habitants, son parler – entre franchise un peu rude, silences chargés de non-dits et dialogues semés d’implicites – et ses us et coutumes (on voit qu’il en connaît un rayon), le caractère ultra-naturaliste de "Miséricorde" (aussi bien au niveau visuel avec les environnements et plans de caméra qu’au niveau des dialogues et du jeu d’acteur) lui fait perdre en impact et lui donne un aspect téléfilm.

D’autre part, le film entretient un mystère épais, nous entraîne dans des sentiers escarpés qui se révèlent parfois être des culs de sacs, et nous mène en bateau sur des fausses pistes… pour un "final" que j’ai trouvé décevant au regard de la tension et du suspense instaurés par le film et ses personnages étranges. Car dans ce village, tout le monde est louche, vraiment pas net… Secrets, sentiments troubles et désirs charnels s’entrelacent dans un drôle de fouillis, entre acceptance et rejet plus ou moins violent (jusqu’à aller au meurtre de Vincent ou encore au harcèlement et agressions sexuelles perpétrés soit par soit envers le personnage principal – que ce soit avec Vincent, Walter ou le curé).

Il faut quand même reconnaître que le film réussit à nous surprendre en multipliant les révélations et passages inattendus (la scène de la nuit passée chez le curé restera dans les annales…). Dédicace à tous les retraités (c’est-à-dire plus des 3/4 de la salle) présents lors de la séance, c’était un plaisir (si on peut dire ça) d’avoir partagé cette… expérience cinématographique… avec vous.

EctoplasMan
5
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le 28 déc. 2024

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