Bételgeuse envoie (encore) le jus… euh, la sauce !

Après une longue (trèèèès longue) attente parsemée de doutes et de craintes, Burton et son Beetlejuice font leur grand retour dans les salles obscures… et force est de constater que ça fonctionne pas mal du tout !


Est-ce que "Beetlejuice Beetlejuice" est à la hauteur de son prédécesseur ? Non. A la hauteur des attentes des fans du 1er opus ? Ça dépend. A la hauteur de ce qu’on pouvait raisonnablement espérer ? Il me semble que oui.

Car j’ai trouvé le film drôle et très divertissant : d’abord grâce à Beetlejuice lui-même et ses répliques bien juteuses (avec un Michael Keaton toujours aussi formidable, comme si on l’avait sorti tel quel du placard du grenier après plus de 35 ans passés à l’intérieur… avec à peine un peu de poussière et juste 1 ou 2 rides !), à l’inénarrable Bob et ses acolytes à tête d’épingle, au flic fantôme Steve McQueen-esque à la fois ringard et hilarant (joué par un Willem Dafoe lui aussi au top), ou encore grâce à certains passages d’anthologie comme le Soul Train et la scène du mariage. En revanche, le scénario reste simple et convenu, et certains éléments de l’histoire demeurent sous-exploités, comme le passé du père et sa relation avec Lydia et Astrid, les liens mère-fille entre ces dernières, le personnage de Dolores… Dont la mort est pour le moins expéditive, à l’image de la scène finale dans l’église ! Si on y ajoute l'épilogue vraiment bizarre et qui nous laisse perplexe, on arrive à un résultat en demi-teinte qui en laissera plus d’un sur sa faim.

Malgré tout, on retrouve dans ce "Beetlejuice Beetlejuice" un peu de l’esprit, du ton et de la générosité des films de divertissement des années 90, et ce qui faisait la magie des films de Burton durant son "âge d’or". Même la musique de Danny Elfman y est ! En plus des nombreuses références au premier opus, ce nouveau Beetlejuice affiche un bon équilibre entre comique et horreur, avec quelques scènes iconiques : le retour à la vie de Dolores, la mort de Charles, la scène (ou plutôt les scènes) de Beetlejuice Junior… L’esthétique rétro n’est pas pour déplaire, et le film est ponctué de belles idées visuelles. On notera l’usage d’effets pratiques en stop motion, de prothèses et maquillage, d’animatroniques… Même avec le passage au numérique, on retrouve le grain et la colorimétrie des films sur pellicule (ex : les décors extérieurs de la ville et de la maison, la scène sur Titan…). Le film multiplie les clins d’œil à différents genres, courants et modes cinématographiques, de l’expressionnisme allemand aux films de fantômes et giallo de Mario Bava dans les années 1960, en passant par les slashers d’Halloween et les films d’action des seventies.

En plus de Keaton et Dafoe, les actrices sont assez convaincantes dans leurs rôles respectifs : Winona Ryder, Catherine O’Hara et Jenna Ortega font le taf, et Monica Bellucci s’avère étrangement fascinante dans son rôle peu causant. Burton s’emploie à leur donner la part belle pour appuyer le message de son film sur le "women empowerment". D’un côté, on a Lydia qui parvient peu à peu à s’affirmer face à des figures masculines perfides et manipulatrices (Beetlejuice et Rory qui souhaitent tous les 2 l’épouser pour satisfaire leurs intérêts personnels… autant choisir entre la peste et le choléra) et malgré ses traumatismes et son manque de confiance en elle. Et de l’autre, Astrid qui réaffirme son indépendance, son esprit critique et ses convictions malgré un père biologique disparu, un presque beau-père insupportable et un petit ami tout aussi pourri et profiteur que les 2 soupirants de sa mère. Quant à Delia, elle est une figure plus ambivalente : une femme indépendante qui s’émancipe par l’art, tout en restant marquée par la perte de son époux. Son deuil finit même par l’obnubiler au point qu’elle s’y consacre tout entière et commence à négliger ses proches encore en vie, ainsi que sa propre sécurité (cf. le serpent qu’elle utilise pour son art-deuil) … jusqu’au moment où elle est elle-même confrontée à sa propre mort – qu’elle ne parvient pas à accepter dans un premier temps. C’est en faisant son propre deuil et en renouant avec Lydia et Astrid qu’elle parvient enfin à retrouver la paix intérieure (et son défunt mari par la même occasion).

EctoplasMan
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le 2 oct. 2024

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